A chaque fois qu’une bouteille de vin s’ouvre, on attend toujours le joli son du « pop » du bouchon qui saute. Depuis des millénaires les amphores, tonneaux, bouteilles sont fermés par des bouchons de liège, vous êtes-vous déjà demandés pourquoi? Et d’ailleurs savez-vous comment on fabrique les bouchons ?
L’existence du bouchon de liège est étroitement liée à l’histoire des contenants utilisés pour conserver ou transporter le vin. Les plus anciens bouchons ont été découverts sur des amphores grecques datant du Vème siècle avant Jésus-Christ, retrouvées lors des fouilles archéologiques de l’Agora d’Athènes. Avec l’essor de la civilisation grecque et son expansion à tout le pourtour méditerranéen, le commerce des vins est devenu une pratique très active. Pendant tout le premier millénaire avant Jésus Christ le transport des vins se fera dans des amphores, bouchées par du liège. Déjà les grecs avaient découverts ses incroyables propriétés physiques. Mais suite au déclin de la civilisation gréco-romaine, leur grande technicité dans la fabrication d’amphore fut laissée aux oubliettes, emportant pour quelques siècles le bouchon de liège dans sa disparition. Dès le IIIème siècle après Jésus-Christ, les Celtes la remplaceront par les tonneaux, possédant beaucoup d’avantages pratiques dans leur légèreté (en comparaison des amphores) et dans leur maniabilité, c’est à dire la possibilité de les rouler. Ces tonneaux seront fermés par une bonde de bois, les vins étant conservés peu de temps, il y avait peu d’altération.
Le bouchon de liège ne fera son grand retour qu’au XVIIIème siècle avec le développement de la bouteille de verre en tant que contenant. Il semblerait que l’on doive son nouvel essor à un « certain » moine du nom de Don Pérignon. Après avoir développé le processus de champagnisation à l’Abbaye de Hautvilliers,il s’avéra que les bondes de bois servant à boucher les bouteilles étaient inefficaces. En effet la pression de gaz contenue dans les bouteilles du, bientôt très précieux, champagne les faisait sauter régulièrement. Don Pérignon réhabilitera donc le liège qui par ses propriétés physiques peut absorber le gaz et donc se maintenir sur la bouteille.
Mais le réel essor de cet obturateur viendra lorsque l’on découvrira que les vins bouchés de liège gagnent en qualité avec le temps. C’est au XIXeme siècle que les premiers négociants commencèrent le commerce du vin en bouteilles. Celui-ci était jusque là transporté dans des tonneaux jusque chez les particuliers et mis en bouteille sur place. Puis en 1924 le château Mouton-Rothschild sera la première maison à boucher ses bouteilles à la propriété, et sera rapidement suivi par tous les producteurs.
Pendant 900 ans le bouchon de liège a donc été oublié, même si il menait une sorte de vie clandestine. Mais ses propriétés physiques uniques, acquises naturellement, en feront malgré tout à partir du XIXème siècle, le matériau de bouchage des bouteilles de vin par excellence.
C’est la nature même du liège qui lui donne ses propriétés physiques remarquables. Imaginez un tube plein de matière dans lequel serait percé d’innombrables trous. Ces « lenticelles » dans le cas du liège, très nombreuses, sont entourées de cire et sont remplies de gaz. Au total 90% de la surface du liège est envahie par ce gaz.
Cette structure unique dans la nature confère au liège son élasticité, sa légèreté, ses capacités de résilience (c’est à dire de reprendre sa forme initiale), son imperméabilité aux liquides et aux gaz ou encore sa résistance à l’usure.
Mais d’où vient le liège?
Si je vous parle de propriétés physiques naturellement acquises, c’est parce que le liège que vous trouvez sous forme de bouchon sur vos bouteilles de vin est issu d’une substance naturelle que l’on trouve sur un arbre.
En effet le liège, dont le nom scientifique est le suber, se développe naturellement sur le chêne liège ou Quercus suber L. si l’on veut être plus botaniste.
Ce que l’on appellerait l’écorce sur d’autres arbres, se trouve être une couche épaisse de liège sur ceux-ci. Ce tissu végétal correspond à une spécialisation de cet arbre à des fins de protection contre les agressions extérieures telles que le feu, les parasites, les variations de température ou encore la sécheresse. En effet le liège est un parfait isolant contre le monde externe.
Le développement de ce tissu se fait en deux phases de synthèse. La première phase correspond à la première synthèse de liège sur l’arbre pendant 25 à 30 ans de vie, jusqu’à ce que le tronc soit recouvert de ce que l’on appelle le liège mâle. Celui-ci ne pourra pas être utilisé pour la fabrication des bouchons parce-que sa qualité n’est pas suffisante. Il faudra donc passer par une étape de « déliégeage », ou l’on retirera la couche de liège mâle, pour laisser le liège de reproduction ou de reconstruction apparaître au bout de 9 ou 10 ans. C’est ce liège femelle que l’on récoltera pour fabriquer les bouchons. Mais la première production ne pourra pas encore être utilisée, et il faudra à nouveau enlever l’écorce et attendre 10 ans de plus.
Ces trois étapes successives prendront environ 45 ans avant d’obtenir des planches de liège utilisables pour la fabrication de bouchons.
La préparation du liège
Les premières étapes du travail du liège sont donc les déliégeages successifs jusqu’à obtention de liège femelle de bonne qualité, c’est à dire au bout de 45 ans environ. A partir de là, tous les 9 ou 10 ans, on effectuera un nouveau déliégeage appelé alors « démasclage », et les planches récoltées seront chaque fois traitées en respectant le même processus. Cette opération doit être menée avec le plus grand soin pour éviter d’endommager le tissu régénérateur.
Il faut savoir que la qualité du liège récolté dépendra du temps attendu entre 2 déliégeages.
Les planches ainsi obtenues devront être entreposées 12 mois minimum à l’extérieur afin de diminuer son humidité interne. Ce séchage permettra également d’améliorer la qualité du liège par des phénomènes d’oxydation et également par lessivage. Les pluies permettront de drainer ses tanins et de le débarrasser des grosses impuretés de surface.
Une fois le séchage terminé, il faudra passer les planches au premier bouillage, c’est à dire les tremper dans une eau bouillante très claire. Ceci permettra de nettoyer le liège des impuretés qu’il pourrait encore contenir, de l’assouplir et de le faire gonfler, pour permettre le travail des bouchonniers.
Les planches seront ensuite triées selon leur épaisseur, et leur qualité qui sera définie fonction de la qualité et quantité des lenticelles. En fonction de ce tri des lots seront préparés et conduits vers des destinations différentes, pour subir un deuxième bouillage avant le stockage dans une pièce sombre à une température de 30°C et où l’hygrométrie atteindra 100%.
Là les planches seront en attente jusqu’à leur entrée dans l’atelier du bouchonnier.
La fabrication des bouchons
Nous arrivons donc aux dernières étapes qui permettront d’obtenir le bouchon que nous retrouverons sur nos bouteilles.
Tout d’abord des scies vont effectuer le tirage en bande, qui consiste à couper les planches en bandes un peu plus large que la longueur d’un bouchon. Ensuite viendra le tubage, qui comme son nom l’indique correspond à l’extraction de tubes, nos bouchons !
Ces premières ébauches seront triées visuellement puis mécaniquement. Des groupes relativement homogènes seront formés. Les bouchons seront ensuite rognés dans la longueur pour leur donner leur taille définitive. Chacun d’entre eux subira un lavage dans des bains successifs permettant de les rendre neutres chimiquement puis subiront deux séchages avant d’être à nouveau triés par critères de qualités. Ceux-ci sont : la régularité des lenticelles, l’homogénéité de la couleur, l’élasticité ou encore la forme générale. Il faut savoir qu’il existe plusieurs qualités de bouchon, qui et que les vignerons peuvent également choisir la longueur des bouchons en fonction des bouteilles qu’ils utilisent.
Ces tris sont généralement faits par des mains expertes. Les bouchons seront alors marqués comme le souhaite l’acheteur, avant d’être satinés. Lors du satinage, les bouchons sont recouverts d’un élastomère alimentaire, lui permettant de glisser plus facilement dans la bouteille.
Enfin tous ces obturateurs seront emballés et expédiés au destinataire qui n’aura plus qu’à boucher ses bouteilles.
C’est ainsi qu’après de multiples étapes de développement naturel puis de transformations physiques, l’on obtient à partir d’une planche d’écorce de chêne liège, un bouchon de liège !
Pour tout savoir sur la fabrication du bouchon de liège, de la forêt à l’usine, venez au Musée du liège et du bouchon de Mézin (47) !
Et pour tout savoir sur le chêne-liège, le liège et le bouchon de liège, il y a ce site pédagogique http://www.planeteliege.com
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