Verticale des vins Daumas Gassac
Midi-Vin a été invité à une dégustation verticale des vins de Daumas Gassac, domaine qui fut un des fers de lance de la reconnaissance du Languedoc comme grand terroir viticole français. On vous fait part de nos notes de dégustation qui s’est révélée exceptionnelle à tous points de vue. Allez partons à la découverte par l’intermédiaire de cette verticale Daumas Gassac des vins de ce domaine à l’épreuve du temps. Un véritable événement qui va révéler des trésors pour certains millésimes …
Verticale Daumas Gassac : les vins blancs
Actuellement Midi-Vin commercialise ce millésime pour le vin blanc de Daumas-Gassac.
Cette verticale peut vous permettre d’apprécier l’évolution du blanc de Daumas Gassac.
Millésimes dégustés en blanc : 2010, 2008, 2003.
Daumas Gassac Blanc 2010
25% Chardonnay / Viognier / Petit Manseng – 15% Chenin Blanc – 10% d’une collection de cépages rares
C’est en 1986 qu’apparaît le premier millésime de blanc au domaine. Aujourd’hui, comment passer à côté de ce vin qui se vend partout à travers le monde ?
La vinification est des plus originales : 3 à 5 jours de macération pelliculaire à froid avant de démarrer les fermentations là où d’autres se limitent à 24 heures ! La fermentation est ensuite conduite à une température comprise entre 20 et 25°C.
Le millésime 2010, fraîchement mis en bouteille, contient 7 grammes/litre de sucre résiduel lorsqu’en temps normal, un vin blanc du Languedoc est aux alentours de 1 gramme.
Le premier nez est marqué par le Chardonnay. On s’attendait à un vin un peu plus fermé du fait de sa mise en bouteille récente. Il n’en est rien, l’aération du vin révèle du poivre et du fenouil en plus. C’est plutôt atypique pour un vin blanc. L’entrée en bouche est ronde, rien d’étonnant avec 7 grammes de sucres résiduels. Mais le milieu de bouche surprend, l’acidité est belle et bien présente et on a l’impression de déguster un vin sec, le sucre a disparu, les arômes sont exotiques sur la mangue, l’ananas. La finale est ample, la bouche est pleine, la fleur blanche domine, c’est excellent.
Daumas Gassac Blanc 2008
Ce vin est constitué avec le même assemblage que 2010.
Le premier nez s’ouvre sur des notes de coing, de fruits exotiques (Fruit de la passion, pamplemousse). L’aération nous porte sur un bouquet de fleurs blanches, c’est un peu moins complexe que 2010 mais tout de même entrainant. L’entrée en bouche est un peu plate mais le vin se revigore sur le milieu de bouche grâce à son acidité. Les arômes sont moins intenses qu’au nez. La finale se positionne sur une légère amertume avec des notes de foin en persistance aromatique. Un vin plus acide qu’en 2010, moins mûr et moins aromatique. A redéguster dans quelques années.
Daumas Gassac Blanc 2003
30% Viognier / Chardonnay / Petit-Manseng – 10% d’une collection de cépages rares
2003 année de la canicule, année de basses acidités pour les vins blancs, du moins c’est ce qu’on est amené à penser lorsque l’on ouvre une bouteille de 2003 en blanc du Languedoc un peu partout en France. Daumas Gassac déroge-t-il à la règle ?
La couleur est évoluée comme on pouvait s’y attendre, on passe des reflets verts typiques sur de nombreux vins blancs jeunes à des notes de couleur or, paille pour ce vin. Le premier nez rappelle une pomme blette, ce n’est pas à proprement dit oxydé, pas encore, des notes de caramel se détachent aussi. L’aération nous fait basculer sur des notes oxydatives. Légèrement madérisé, ce vin nous procure quand même du plaisir. L’entrée en bouche est un peu amère (ce qu’on ressent souvent quand le vin a des odeurs de pomme blette). Le milieu de bouche se défend mieux, un mélange de fruits cuits à l’eau de vie, de pruneau mais un léger manque de structure tout de même. La finale est surprenante de fraîcheur. L’acidité apparaît enfin et l’on aurait du mal à citer le millésime 2003 si la dégustation avait été faite à l’aveugle. Comme l’explique si bien le domaine, leurs blancs ont deux vies. Des arômes vifs, très fruités sur les 3 premières années, à boire jeune donc si vous préférez vos vins blancs dans ce registre. Une deuxième vie au-delà de la troisième année, le vin va évoluer vers des notes de type « Jerez », « Sauternes » et puis des notes « oxydatives » comme ce 2003. On apprécie ou pas ce stade mais il ne laisse pas indifférent.
Verticale Daumas Gassac : les vins rouges
Actuellement, Midi-Vin commercialise ce millésime du vin rouge de Daumas Gassac .
C’est en 1978 que l’aventure commence au Daumas Gassac après avoir planté les premières vignes en 1972 sous les conseils avisés du Professeur Enjalbert. Aimé Guibert, propriétaire emblématique du domaine, fait appel à un œnologue conseil de la région de Bordeaux, Emile Peynaud, alors conseiller des grands crus bordelais : Château Margaux, Haut Brion, la Mission Haut Brion, et La Lagune (rien que ça !). Emile Peynaud déclarera aux journalistes qui se demandent pourquoi il a accepté de conseiller un domaine dans le pauvre Languedoc
J’ai conseillé les plus grands crus français, mais là, pour la première fois, j’avais la chance d’assister à la naissance d’un grand cru.
La machine est en route avec pour fondation le Cabernet-Sauvignon, peu commun sur les collines d’Aniane. 6 vins rouges du domaine Daumas Gassac ont été dégustés dans l’ordre qui suit : 2010, 2009, 2000, 1996 (Magnum), 1986 (Magnum) et 1978, premier millésime du domaine
Daumas Gassac Rouge 2010
Echantillon tiré des barriques (vin en cours d’élevage, mise en bouteille prévue en mars 2012)
Le premier nez est bien ouvert sur les fruits noirs (mûre et myrtille). L’aération révèle des notes de réglisse, tabac et le côté grillé de la barrique. Un côté épicé (poivre, curry) se mêlent aussi. Un vin déjà complexe et ouvert. L’entrée en bouche est riche, quelques tanins sèchent encore le palais, mais nous sommes sur un échantillon et l’indulgence doit être de rigueur. Les épices ressortent en milieu de bouche ; la balance acidité / alcool / tanins confère à ce vin un bel avenir. La finale se positionne sur les notes d’élevage que le vin ne tardera pas à digérer.
Daumas Gassac Rouge 2009
80% Cabernet-Sauvignon – 20% Variétés rares
Le premier nez est légèrement marqué par un côté poivron qui disparaît à l’aération pour donner un côté sauvage, foxé puis du poivre. L’entrée en bouche nous indique un élevage en barrique mais léger et bien intégré. Le milieu de bouche libère des tanins encore un peu fermes qui évolueront avec le temps. La finale libère un poivré très septentrional, très frais sur des tanins encore serrés.
Daumas Gassac Rouge 2000
Même assemblage que 2009
Le vin s’ouvre sur un Cabernet légèrement évolué : des notes foxées, de sous-bois, de cèdre et d’humus. L’aération apporte un peu d’épice (clou de girofle en particulier). L’entrée en bouche est légèrement veloutée. Les tanins sont fondus. Le milieu de bouche est un mélange d’épices et de notes tertiaires dûes à l’élevage. La finale est un peu légère, les tanins ont du mal à s’exprimer, on aurait aimé plus de longueur.
Daumas Gassac Rouge 1996
Même assemblage que 2009
Le premier nez n’est pas très expressif, champignon, humus et croûte de fromage à l’aération, le tout n’est pas très net. L’entrée en bouche n’est pas nette non plus, le vin est léger, dilué. La finale est légèrement desséchante. Un vin peu complexe que nous avons trouvé en fin de vie… A voir sur une autre bouteille.
Daumas Gassac Rouge 1986
75% Cabernet-Sauvignon – 30% Malbec / Tannat / Syrah / Pinot / Cabernet Franc / Merlot
Le premier nez est très ouvert, la bouteille vient d’être débouchée et pourtant c’est sublime. Cerise confite, pruneau dominent.
L’entrée en bouche est acidulée, la suite se positionne sur un vin évolué qui a encore des choses à dire. Les tanins sont présents, fondus mais bien en chair. Du fruit rouge compoté apparaît encore, c’est inattendu. Longueur, équilibre, il ne manque rien à ce vin âgé de 25 ans que nous avons trouvé à son apogée !
Daumas Gassac Rouge 1978
75% Cabernet-Sauvignon – 30% Malbec / Tannat / Syrah / Pinot / Cabernet Franc / Merlot : même assemblage que 1986
Nous voilà plongés dans l’histoire du domaine, l’une des 17 800 bouteilles du premier millésime de Daumas Gassac vient d’être ouverte.
Peu importe le vin qu’il y a dans la bouteille, c’est avant tout un moment unique.
Le nez se défend très bien. Des notes fumées et empyreumatiques se dégagent. Le boisé un peu fatigué fait aussi son apparition. L’entrée en bouche est maigre sur des arômes de vieux Cabernet. Le vin a perdu de sa fraîcheur mais est-ce le plus important ? On devait s’attendre à un vin en fin de vie, mais il se défend mieux que le 1996 tout de même !
Nous remercions ici chaleureusement les personnes qui nous ont invité à ce tasting hors norme que fut cette verticale Daumas Gassac. Un moment inoubliable …