Dégustation Mas Haut Buis en Terrasses du Larzac
Jeudi 7 juin le soleil n’était pas au beau fixe, mais nous avions rendez-vous à environ une heure de notre base montpelliéraine, à La Vacquerie, pour visiter les domaines Mas Haut-Buis et Clos Maïa situés en Terrasses du Larzac.
Pour cela il nous fallait franchir le col du Vent. Et là, autant dire que la visibilité n’excédait pas les 20 mètres par endroit tant le brouillard était épais et bien humide. Un petit air de highlands écossais en plein milieu du Languedoc et au mois de juin : incroyable !
Après quelques photos de ce brouillard, le Mas Haut-Buis était en vue. Olivier Jeantet, propriétaire et créateur de ce magnifique domaine depuis 1999 nous a ouvert la porte et offert un café qui n’était pas de refus après une route mouvementée.
Géraldine Laval, sa compagne est arrivée dans la foulée. Géraldine est propriétaire du Clos Maïa, tout jeune domaine de 4 hectares à la Vacquerie aussi. Deux domaines donc, pour un couple uni autour du raisin et du vin, et, de surcroît, voisins de caves et de parcelles.
La journée serait donc consacrée à une visite dans les vignes du Mas Haut-Buis et du Clos Maïa, puis un tour de cave et dégustation au Mas Haut-Buis et un tour de cave et dégustation au Clos Maïa. Une journée parfaite pour nous !
Au contact du terroir des Terrasses du Larzac
Le terroir est très accidenté ce qui multiplie le nombre de petites parcelles çà et là et multiplie le coefficient « beauté » par 10. Des petites parcelles accrochées à la montagne que de vieux murets de pierre calcaire retiennent, où poussent fièrement de vieux grenaches entre quelques oliviers.
Olivier nous explique qu’à une époque, la polyculture était très répandue et qu’il n’est donc pas rare de voir des vignes, des oliviers et des arbres fruitiers au sein d’une même parcelle. Il en possède une d’ailleurs, qui produit très peu, trop peu même, mais qu’il ne peut pas arracher, parce qu’il l’aime trop. Témoignage d’un passé, témoignage d’une histoire, ce sont les pieds dans la parcelle que l’on raconte le mieux cet héritage.
Le terroir des Terrasses du Larzac c’est aussi l’eau comme élément moteur de la vigne. Quand d’autres, plus bas dans la vallée, souffrent au mois d’août du manque d’eau, ici la vigne respire. Les sols argilo-calcaires sont profonds, la plupart des parcelles ont été implantées sur des éboulis. Les racines raffolent de ce genre de sol, mélange de cailloux calcaires et d’argile ; elles plongent le plus profondément possible et puisent l’eau et les éléments minéraux dont elles ont besoin.
Ce sol est très drainant mais il a le pouvoir de retenir ce qu’il faut d’eau pour nourrir la vigne. La pluie ici n’est pas un problème, l’eau s’infiltre facilement dans les sols, le surplus est évacué.
Tous les sols, tant au Mas Haut-Buis qu’au Clos Maïa, sont travaillés ; pas de désherbant mais un tracteur, des outils et des hommes. Les sols sont vivants et malgré les fortes pentes, lorsque une grosse pluie s’abat sur les sols, il n’y a aucun problème de ruissellement ou de glissement de terrain. Le sol est aéré et l’eau pénètre plus qu’elle ne glisse sur le sol.
Le Mas Haut-Buis est composé de 12 parcelles, 9 sont en production pour le moment. 3 parcelles de Chardonnay et de Grenache attendent patiemment de grandir avant de voir leurs raisins entrer en cave. Au total ce sont 11 hectares plantés d’une majorité de Grenache puis de Syrah et de Carignan (une parcelle date de la période pré-phylloxérique !) pour les rouges, et de Roussanne et Chardonnay pour les blancs.
Pour le Clos Maïa, ce sont 4 hectares de vignes qui composent le domaine. Grenache et Syrah pour les rouges et Terret Bourret et Roussanne pour les blancs. A noter que deux parcelles de Grenache blanc et de Chenin ont été plantées pour compléter les blancs. Encore à l’état de plantier, ces parcelles n’entrent pas dans l’assemblage final pour le moment.
A l’abri dans la cave du Mas Haut Buis et du Clos Maïa
Nous commençons par la cave d’Olivier qui bénéficiera d’un lifting très prochainement au niveau des cuves. Les dernières cuves en fibre laisseront place à des cuves en béton tronconiques. Olivier s’en réjouit d’avance et n’attend qu’une chose, que les raisins entrent en cave !
Les élevages se font en demi-muid, la barrique a été peu à peu abandonnée, les grands contenants convenant mieux aux vins d’Olivier. Il y a aussi des foudres Stockinger de fabrication autrichienne de 20 hectolitres. Le boisé apporté est très discret, il ne casse pas le vin, au contraire, il l’accompagne. Il y a un vrai travail au niveau du bois et de l’extraction de la part de ce fabriquant.
Au Clos Maïa, Géraldine Laval nous fait pénétrer dans sa cave, une ancienne laiterie, bien fraîche, semi-enterrée. On retrouve les mêmes cuves en béton qu’au Mas Haut-Buis puis quelques cuves Inox et là aussi un foudre Stockinger où s’épanouit le fameux grenache du domaine (Le Clos a fait l’objet d’un très bel article de la RVF consacré aux 50 meilleurs grenaches) …
Les deux chais sont très bien équipés et l’itinéraire de vinification est le même à de petits détails près. Pas de levurage ou d’enzymage, encore moins d’acidification. Ici on accompagne le vin plus que ce qu’on ne le travaille. On privilégie l’infusion à l’extraction. Beaucoup de gestes sont conditionnés par la dégustation, pas de collage ou de filtration pour les rouges, quelques pigeages çà et là, et le tour est joué.
Olivier et Géraldine se complètent. L’un est autodidacte, a beaucoup appris du travail de la terre et s’est installé à son compte en 1999, l’autre a en poche un BTS sur la commercialisation du vin et un autre sur la viticulture et l’œnologie suivis par un Diplôme National d’œnologue. Chacun est plus ou moins spécialisé dans un domaine ce qui permet d’échanger, de progresser ensemble.
Dégustation des vins du Mas Haut Buis
Les Agrunelles
VDP de l’Hérault
80% Roussanne – 20% Chardonnay
Vin Blanc
Le vin n’est pas encore en bouteille, Midi-Vin commercialise les dernières bouteilles de 2010, Olivier le sort de sa cuve et le vin présente un doré limpide et brillant.
Le premier nez est légèrement grillé, sur la noisette. L’aération nous porte sur des notes miellées et des agrumes comme le citron. L’ensemble est très plaisant, tout en finesse.
L’entrée en bouche est ronde suivie de près par un milieu de bouche ciselé par l’acidité qui vient nous rafraîchir le palais, c’est très bon. La finale est très complexe et aromatique, de la poire, du miel, de la noisette. Un équilibre magnifique pour ce premier vin vinifié en barriques et en demi-muid qui laisse entrevoir une belle dégustation.
Les Carlines
AOC Terrasses du Larzac
Grenache, Carignan, Syrah
Vin Rouge
Le vin est encore en cuve puisque il reçoit 14 mois d’élevage en cuve béton. Le premier nez est une bombe de fruits. Nous étions un peu anxieux en arrivant avec un temps pareil. Nous avions peur que les vins se dégustent mal. Heureusement il n’en est rien, bien au contraire.
La fraise domine, l’aération libère un côté un peu sauvage de la cuvée, sans doute le Carignan qui s’exprime à son tour.
L’entrée en bouche est équilibrée, toujours sur le fruit. Les tanins arrivent en milieu de bouche et accompagnent la dégustation sans se montrer trop présents. L’extraction est maîtrisée et fait honneur aux fruits frais du Larzac.
Costa Caoude
AOC Terrasses du Larzac
Grenache – Carignan
Vin Rouge
Ce sont les plus vieux Grenaches et les plus vieux Carignans qui composent cet assemblage.
L’élevage est long : 24 mois en foudre et en demi-muid et une partie en cuve. Pour le moment, nous dégustons le 2011 en cuve qui est encore loin de sa mise en bouteille.
Le nez est fermé mais on le lui pardonne, jeunesse oblige, il a le droit de se montrer timide. La bouche elle, révèle un vin très droit, sans extraction démesurée. Un vin sur la ronce et le chocolat plus que sur le fruit qui se fait encore discret. Laissons l’élevage finir le travail.
Nous dégustons maintenant Costa Caoude mais en foudre et demi-muid cette-fois ci. Le vin est donc proche de la fin de son élevage.
Le premier nez est marqué par des notes de noix de coco râpée puis sur une vague de fruits rouges rafraîchissante. L’aération mène le vin sur les épices, le sous-bois et encore plus de finesse. Quel nez !
L’entrée en bouche est équilibrée, gourmande. Le milieu de bouche est sur le fruit de la passion, c’est incroyable, des notes de coco, de mangue. Une sensation juteuse envahit le palais, c’est riche, équilibré et léger à la fois. La finale est poivrée, tout en finesse, rien ne dépasse. Un grand vin et un coup de cœur pour Midi-Vin !
Prochainement, nous publierons le compte-rendu de la dégustation des vins du Clos Maïa effectuée dans la cave de Géraldine Laval.