Interview de wineblogger : Olif

Si vous avez un tant soit peu surfé sur le Web, en quête d’information sur le vin, il aura été difficile pour vous de ne pas « atterrir » sur le Blog d’Olif.
Depuis 2005, Olivier, plus connu sous le pseudo d’Olif, transmet sa passion du vin à travers ses billets au ton décalé, nous fait découvrir ses trouvailles et partage les dégustations d’exception qu’il a eu la chance d’effectuer.

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A l’occasion du « déménagement » de son blog, nous avons eu la chance de l’interviewer, histoire de faire le point sur son activité et sur sa vision des vins du Languedoc-Roussillon.
Voici cet échange retranscrit en intégralité …

A propos de vous et de votre blog :

Qui êtes vous ?
Olivier, dit Olif, Gynécologue à Pontarlier, capitale du Haut-Doubs et de l’Absinthe. 45 ans de fraiche date, 100% Comtois pure souche.

Quelle vision du vin votre origine Jurassienne – une région viticole aussi atypique – vous a-t-elle transmise?
Probablement l’amour des petites régions viticoles, des cépages originaux et des élevages insolites. Dont la passion de l’oxydatif, un mode d’élevage méprisé par beaucoup de gens, y compris de pseudo grands connaisseurs.

Que pensez-vous de la récente mode des chansons prônant les valeurs du terroir et de la gastronomie telles que celles d’Aldebert sur le Doubs ou du 4P sur l’Aveyron ?
Aldebert, c’est un must en Franche-Comté, les 4P, je ne connais pas. Il y a là un petit côté franchouillard sympathique, qui, dans le cas d’Aldebert, n’est pas à prendre au premier degré, sinon, ça pourrait effectivement craindre un petit peu.

D’où vient votre passion pour le vin ? Avez-vous suivi des formations spécifiques ?
La passion, elle est venue petit à petit, au contact du vin, des vignerons, des livres sur le vin. Elle invite au voyage, à la rencontre, à la découverte. Elle s’insinue partout, amenant à penser sa vie et ses loisirs en fonction du vin. Je suis un pur autodidacte et je le revendique haut et fort. Le côté scolaire de l’apprentissage du vin m’emm… un peu. On apprend autant et même bien mieux au contact des vignerons, des sommeliers, des cavistes, des gens qui vivent le vin tous les jours. Elle implique évidemment de payer de sa personne, se déplacer beaucoup et multiplier les dégustations.

Comment cette passion c’est-elle muée en volonté d’animer un blog sur le vin ? Quelles sont vos motivations dans l’animation de ce blog ?
Le blog, c’est venu un peu comme ça, parce qu’à l’époque où il a été créé, le terrain était pratiquement vierge dans le domaine du vin. Le blog est né de la volonté d’écrire sur le vin dans un style personnel et décalé qui ne convenait plus guère au monde des forums auquel j’appartenais alors. Passion du vin, passion de l’écriture, cette petite fenêtre ouverte sur le monde m’a permis de continuer à nouer des échanges avec des personnes de différentes origines, avec une passion commune. Et, accessoirement, d’avoir acquis une petite notoriété dans le monde du vin.

Depuis quand le « Blog d’Olif » est-il en ligne ? Quel est le trafic moyen de votre blog ?
Le Blog d’Olif est en ligne depuis le 31 mai 2005 et véritablement actif depuis octobre 2005. En 2007, d’après XITI, le blog d’Olif, ce fut 164000 pages vues, 101 000 visites, 93000 visiteurs cumulés. En moyenne 3 à 400 pages vues par jour et 2 à 300 visiteurs uniques. Comme je viens tout juste de changer de plateforme, les statistiques actuelles sont un peu compliquées à interpréter. Le pic maximal de fréquence a été atteint en février 2007, lorsque j’ai reçu le 1er Wine Blog Trophy au Salon des vins d’Angers. Un souvenir fantastique !

Comment définiriez-vous votre blog par rapport à la « vino-blogosphère » ?
Je crois que mon blog est l’un des précurseurs parmi les blogs d’oenophiles. Je sais que ma démarche a influencé certaines personnes que j’admire et qui se sont lancées par la suite. Ça, j’en suis plutôt fier, en fait! Je suis heureux de voir apparaitre régulièrement de nouveaux blogs d’amateurs mais je regrette un peu que leurs auteurs restent timorés dans leur démarche,  ne se lâchent pas plus et n’affirment pas plus leur personalité. Le Blog, c’est une alternative merveilleuse à la critique oenologique classique et aux guides sur le vin. A la condition de faire preuve d’originalité et de parler du vin d’une autre façon. De profiter de ce que tout le Web 2.0 met à notre disposition (musique, vidéos,…) On constate également une autre tendance actuelle, avec l’arrivée massive de blogs de professionnels (journalistes, dégustateurs, critiques,…) . Leurs blogs sont évidemment de qualité mais il ne faudrait pas que les amateurs se laissent complètement annexer leur terrain de jeu et se retrouvent submergés par les Pros!

Quel serait l’aboutissement du projet « Blog d’Olif » ?
L’aboutissement du Blog d’Olif, c’est une version papier, une trace non informatique, qui pourrait intéresser et/ou séduire un autre public. C’est à l’étude depuis un moment, mais reste pour l’instant en suspens. Le Blog reste et restera pour moi un passe-temps dans lequel je m’épanouis. Tant que j’aurai l’inspiration, je continuerai de l’animer, sans pression aucune, dans la seule optique de me faire plaisir, à moi et à mes fidèles lecteurs. Et aussi aux vignerons qui sont souvent très fiers de voir un de leurs vins mis en avant de cette façon.

Et maintenant sur le vin en général et le Languedoc-Roussillon en particulier :

Pour vous, un « bon vin » c’est quoi ? Qu’attendez vous dans la dégustation d’un vin ?
Un bon vin, c’est un vin que l’on prend plaisir à boire. Cela n’exclut pas la complexité mais de plus en plus, je mets en avant la buvabilité, terme très à la mode, mais qui est en fait un retour aux sources du vin en tant que boisson désaltérante. Les monstres de concours, qui jettent de la poudre aux yeux des dégustateurs influents, mais dont on est incapable de se servir un deuxième verre après s’être extasié sur leur concentration, pour moi, c’est terminé! Le concept de « grand vin » n’a aucun intérêt à mes yeux! Dans la dégustation d’un vin, j’aime bien chercher à comprendre comment le vin s’est construit, ce qui lui a apporté sa structure et sa dimension, ce qui fait qu’il est (ou n’est pas) comme il doit être, par rapport aux propres repères que je possède.

Etes-vous plutôt vin nature, bio/biodynamie ou simplement axé sur l’hédonisme ?
Principalement axé sur l’hédonisme, et en même temps la compréhension du terroir (c’est même le sous-titre de mon blog), je suis passé par différentes phases qui m’amènent de plus en plus vers des vins issus de la bio ou de la biodynamie, voire carrément « nature ». La bio, parce que cela devient une nécessité pour l’environnement, la biodynamie pour le respect de la biodiversité, le vin « nature » pour le moindre recours aux artifices. Tout le monde est d’accord pour dire qu’il faut de beaux raisins pour faire de beaux vins, cela semble une évidence, si en plus ces raisins ne sont pas trafiqués, c’est encore mieux !

Quel est le meilleur souvenir de dégustation que vous ayez ?
La dernière dégustation en date, mais pas parce que c’était la dernière, parce que cela restera de façon évidente un moment exceptionnel totalement inédit. Pensez ! Une dégustation de vins « natures » dans la nature, au milieu d’un champ, complètement cernés par des vaches. Les vins se goûtaient merveilleusement, l’ambiance était d’une convivialité rare, tout était à l’unisson. Tout ceci est bien sûr relaté sur mon blog.

Comment définirez-vous le Languedoc-Roussillon en tant que région viticole?
Le Languedoc-Roussillon, c’est le nouvel Eldorado viticole français, non ? Une région aux possibilités immenses, avec des terroirs fabuleux dans un cadre magnifique, des cépages fantastiques produisant des vins superbes lorsque l’on sait maîtriser les rendements et produire de beaux raisins.

Quels sont vos vins/vignerons préférés dans cette région ?
Je suis un fan des vins de Barral et du Mas Jullien (deux domaines au même niveau qualitatif, dans un style radicalement opposé). En Minervois, j’ai un faible pour les vins de Jean-Baptiste Sénat et ceux du Loup Blanc, en Roussillon, pour ceux du Domaine du Possible, de Loïc Roure. Je pourrais en citer plein d’autres, mais on va en rester là pour l’instant, j’aurais trop peur d’en oublier !

Quelle a été votre dernière révélation concernant les vins du Languedoc-Roussillon ?
Les vins du Domaine des Dimanches, d’Emile Hérédia. Un néo-vigneron languedocien, installé dans la Loire depuis 9 ans, et qui jongle maintenant entre les deux régions. Des vins épatants, d’une fraîcheur exquise !

Comment voyez-vous l’avenir du Languedoc-Roussillon viticole ?
Plutôt radieux, en terme de qualité, si le pays ne s’enfonce pas dans une crise viticole plus grave et si nos dirigeants arrête de scier le cep de vigne sur lequel les vignerons sont assis ! Ce qui m’intéresse, personnellement, ce sont les vins de qualité et d’expression du terroir, et en Languedoc-Roussillon, il y a largement le potentiel de produire ce type de vins.

Selon vous, que manque-il (le cas échéant) au Languedoc-Roussillon, pour être pleinement considérée comme une région viticole de qualité ?
Probablement une plus grande ouverture d’esprit de l’amateur d’une manière générale! Et ça, la filière n’y peut pas grand chose, si ce n’est tenter de communiquer de façon intelligente auprès de ces gens-là. Et en ce sens, la démarche d’un Bizeul qui se démène pour produire un vin à même de concurrencer les plus grandes étiquettes sur les plus belles tables est salutaire. La région a besoin de locomotives de ce type pour faire parler d’elle à une autre échelle.

Seriez-vous prêt à échanger le classique accord met-vin « Comté-Vin jaune du Jura » au profit d’un accord avec un vin du Languedoc-Roussillon ?
Bien sûr! Je ne me nourris pas que de Comté et de Vin Jaune ! Une gardiane de boeuf aux olives noires avec un verre de Clos du Gravillas Lo Vielh 2004, des carignans centenaires qui délivrent tout leur potentiel sur le sol lunaire de Saint-Jean de Minervois. Mmmm!, le mariage d’un vin sudiste avec une sauce aux olives noires …!

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Cette entrée a été publiée dans Rencontre avec le par Clément.

One thought on “Interview de wineblogger : Olif

  1. Fabrice

    Une très jolie interview de mon confrère Olif. Doué pour écrire, doué pour faire rire, doué pour se faire interviewer : on va bien lui trouver un défaut !!! Et bravo pour ce blog, que je ne fais que découvrir.
    VINSURVIN, Producteur de Chroniques Oenophiles.

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