Domaine Olivier Pithon : du sur mesure …

Au détour d’une dégustation à la Cave des Arceaux à Montpellier, Midi-Vin a eu la chance de « papoter » vin autour d’une barrique et d’une planche de fromages en dégustant les vins du domaine Olivier Pithon.  Sylvie,  présente depuis deux ans sur le domaine en tant que responsable des relations clients et commerce, nous a fait le plaisir de remplir nos verres et réchauffer nos papilles glacées par le vent d’hiver !

Petit domaine de 15 hectares dans la région du Roussillon, le Domaine Olivier Pithon, est situé non loin de Perpignan à Calce. Olivier, originaire de la région d’Anjou où il a fait ses études et baigné dans le vin depuis son plus jeune âge (son grand-père était viticulteur), a toujours été fasciné par ce métier. Il n’a que 4 ans quand son frère part s’installer dans les coteaux du Layon (Loire) et la voie semble déjà toute tracée.
Il parfait son apprentissage à Saint-Emilion dans le Bordelais puis décide de s’installer en 2001 à Calce. Une installation fruit d’une longue réflexion ; ce devait être un endroit où il pourrait concrétiser ses rêves, « voler de ses propres ailes » et vivre cette aventure. D’abord gardien de 8 hectares de vieilles vignes sur des coteaux de schistes, ses différents coups de cœur l’amènent aujourd’hui à bichonner une quinzaine d’hectares qui composent ses différentes cuvées rouges et blancs que l’on découvrira un peu plus tard.

Des vignes fruit d’un héritage

Les vignes s’enracinent dans des sols argilo-calcaires, marneux et de schistes. Quand on lui demande si la culture y est biologique, le oui ne se fait pas attendre : « ce n’est pas moi qui suis bio, ce sont les autres qui sont en chimie … On ne peut pas parler de respect de la terre en mettant des produits avec une tête de mort sur les bidons » : le ton est donné. Quelques préceptes de la biodynamie sont même appliqués.
La culture de la vigne semble si simple quand on nous la décrit : un travail du sol raisonné, du compost, du souffre pour lutter contre l’oïdium et une tisane de prêle pour lutter contre les quelques attaques de mildiou.

Trois cépages composent les cuvées de blancs : le maccabeu, le grenache gris et le grenache blanc. Quant aux rouges, on retrouve les 4 « frangins du Languedoc » : Carignan, Syrah, Grenache Noir et Mourvèdre. Nous avons consacré des articles à ces cépages, excepté pour la Syrah que vous retrouverez très prochainement dans nos colonnes.

Chaque cuvée est vinifiée différemment, chaque vin reçoit un élevage distinct, pour faire honneur à la mosaïque de terroir de Calce et à la vinification minutieuse d’Olivier Pithon.

Côté dégustation

La dégustation a débuté par la cuvée Laïs Blanc 2009 issue de vieilles vignes (60-80 ans) des 3 cépages blancs présents sur le domaine. Les rendements sont de 15 hectolitres/hectare pour une surface de 4,5 hectares. Depuis le millésime 2008, l’élevage a changé sur cette cuvée. Aujourd’hui 50% sont élevés en cuve bois tronçonniques de 22 hectolitres et 50% séjournent dans de vieilles barriques pendant 9 mois.

Cuvée Laïs Blanc 2009
VDP des Côtes Catalanes
Vin Blanc
Maccabeu, Grenache Blanc et Gris

Cuvée Laïs Blanc 2009 Olivier Pithon

La robe est limpide, très brillante d’un jaune paille aux reflets verts.
Le premier nez dégage un peu de gaz carbonique, le vin est jeune et la mise en bouteille n’est pas si lointaine. Un nez beurré envahit le verre.
Après aération, le gaz disparait pour laisser place à des notes florales jaunes du type jeunet.  Les fleurs persistent longtemps, c’est très agréable et le côté coing du Grenache Blanc apparaît dans le verre après quelques secondes. Des pointes de fenouil viennent clore le tout.
L’attaque en bouche est très grasse. L’acidité est présente tout au long de la dégustation et vient relever des arômes d’agrumes (citron) et de fleurs blanches cette fois-ci (aubépine). Ils s’entremêlent au côté boisé de l’élevage très bien maîtrisé et harmonieux. La finale est très minérale résultant sans doute d’un enracinement profond sur des coteaux de schistes. Ce vin a tout pour séduire, il est d’une longueur digne des plus grands et il se mariera sur des poissons à la plancha ou encore à l’apéritif sur des tartines de tapenade.
Il est à boire dans sa jeunesse pour apprécier son côté floral ou bien dans quelques années pour juger de l’évolution qui sera à coup sur très minérale.

Cuvée La D18 2008
VDP des Côtes Catalanes
Vin Blanc
Grenache Blanc et Gris

Cuvée D18 2008 Olivier Pithon

Avec ce vin, Olivier Pithon met tout le monde d’accord. Toutes les critiques sont unanimes et acclament cette sélection des plus belles grappes de grenache blanc et gris du domaine ! Une unanimité qui lui vaut une sélection dans les 101 meilleurs vins blancs de France dans la Revue des Vins de France.

C’est un travail d’artiste qui mène à cette cuvée et comme tout travail d’artiste, il y a beaucoup de réflexion en amont. Olivier pioche parmi toutes ses parcelles de grenache, les meilleures grappes qu’il presse très lentement à la cave et ne conserve que les premiers jus qui s’écoulent du pressoir, un pur jus de goutte en quelque sorte qui sera vinifié en cuve bois. L’élevage sera plus long que la cuvée Laïs, entre 16 et 18 mois. Les bouteilles ne sont pas aussitôt commercialisées. Elles attendent patiemment en cave et lorsqu’ Olivier juge que le vin a « digéré » la mise en bouteille, qui reste une étape assez stressante pour le vin, alors nous pouvons nous délecter de cette cuvée.
Victime de son succès et de son petit rendement (10 hl/ha pour 2 hectares), le volume restant sur le millésime 2008 n’est pas pléthorique. Le millésime 2009 sera dans la même lignée que son grand frère le 2008.

Cette cuvée porte le nom de la route départementale qui va de Calce au  col de la Donna . On ne peut pas vous faire le commentaire de dégustation car nous n’avons pas goûté cette cuvée ce jour là. Mais la D18 est un vin de gastronome, avec plus de finesse que la cuvée Laïs et plus de longueur encore… un vin qu’il faut avoir goûté au moins une fois !

Cuvée Laïs 2008
Appellation Cotes du Roussillon
Vin Rouge
Grenache Noir, Carignan, Syrah et Mouvèdre

Cuvée Laïs rouge 2008 Olivier Pithon

Construit dans le même esprit que la cuvée blanc, il est une mosaïque de terroirs composée par des parcelles de différentes expositions.
L’extraction se veut douce. Olivier ne veut pas d’un vin bodybuildé extrait à l’extrême. Les pigeages sont doux et rapides, 30 secondes à une minute. La vinification et l’élevage se font en cuve tronçonnique.

La robe est limpide, rouge grenat.
Le premier nez est très fin sur le fruit rouge (framboise) avec un fond boisé.
A l’aération, le clou de girofle s’extrait du verre. Mais la dégustation n’est pas facile ; en effet, pour nous accueillir et partager ce moment de convivialité, la porte est grande ouverte et le magasin est assez froid. Après quelques minutes au creux de la main, on se familiarise avec ce vin. Des senteurs épicées parcourent le verre (poivre blanc en majorité). En bouche, la fraîcheur de l’acidité surprend, c’est en effet un vin atypique, construit sur la légèreté. Le bois pourrait paraître plus fondu, et les tanins mieux intégrés. Nous n’avons aucun doute sur le potentiel de cette cuvée pour l’avoir déjà dégusté entre amis. Le domaine sera présent au salon « Millésime Bio » et nous aurons le plaisir de déguster à nouveau ce vin et de vous en faire un commentaire plus juste.

Le Pilou 2008
Vin Rouge
100% Carignan

Comme beaucoup de vignerons maintenant en Languedoc-Roussillon qui trouvent là une matière difficile mais faite pour présenter leur savoir-faire, Olivier Pithon produit un 100% Carignan. Cette parcelle plantée en 1902 sur des sols calcaires produit des raisins à hauteur de 25 hl/ha. Achetée en 2002, elle n’était pas destinée à une cuvée de ce type. Mais au vu des premiers résultats, la cuvée Le Pilou a été créée avec une production de seulement 600 bouteilles jusqu’en 2006. Aujourd’hui, Olivier a fait l’acquisition d’une nouvelle parcelle de Carignan vieux de 60 ans sur des schistes lui permettant de produire 2 500 bouteilles.

Pour le côté cave, une fermentation alcoolique entre 18 et 25°C accompagnée d’une légère extraction et d’un élevage de 12 mois en cuve bois et 6 mois en demi-muid.

La robe est limpide, claire pour un 100% Carignan.
Le premier nez est fermé, un léger boisé s’évade en toute discrétion. Après aération, le côté lardé du Carignan est présent, entremêlé de notes boisées. Quelques résidus de gaz carbonique qui disparaissent rapidement parcourent le verre.
L’attaque est boisée et je suis surpris par la structure générale qui est très légère pour un Carignan. Encore un vin atypique qui confirme le style d’Oliver Pithon sur ses vins rouges : des extractions légères. La bouche est encore jeune, ce vin a été mis en bouteille en avril 2010, les tanins ne sont pas agressifs et je relève des notes de fruits noirs (cassis et mûre). L’ensemble dégage un équilibre rare dans cette catégorie de vin.

Trois autre cuvées rouge sont présentes sur la boutique Caves Notre Dame, elles n’étaient  pas à la dégustation ce jour-là. Elles le seront probablement à Millésime Bio. Ce sera l’occasion de déguster les nouveaux millésimes et de vous faire part de nos impressions générales sur ce domaine que nous suivons avec intérêt au fil des millésimes.

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Olivier Pithon en plein travail

Des vins blancs toujours plus grands, des rouges qu’il faut savoir apprivoiser et attendre, un homme qui met en avant ses vignes et son raisin avant de parler du vin, voilà ce qui vous attend si vous allez sonner au domaine.

Appelez avant de passer, on ne sait jamais, les vignes demandent beaucoup de travail et il n’est pas rare que le maître des lieux soit de sortie …

Crédits photos: Site Web du domaine Olivier Pithon

Cette entrée a été publiée dans Rencontre avec le par Romain.

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