Château de Jonquières : entre vignes et patrimoine

Le Château de Jonquières vu d'une parcelle de vigne

Le Château de Jonquières vu d’une parcelle de vigne

 

Riche d’une histoire ancienne le Château de Jonquière ne se contente pas d’être un domaine viticole. La demeure est classée à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques et la famille de Cabissole propose également des Chambres d’Hôtes et un Gîte. Le Château de Jonquières est également un lieu où de nombreuses activités culturelles ont lieu, tels que concerts ou théâtre, souvent en parallèle avec le vin.

François et Isabelle, nos deux exploitants, ont donc su diversifier leurs activités afin de restaurer et conserver cette superbe propriété de famille.

Rencontre avec ces vignerons qui ont fait le choix de la vigne et du patrimoine.

Après la reprise de l’exploitation familiale en 1975, François de Cabissole et son épouse Isabelle travaillent jusqu’à 23 hectares de vigne, dont les raisins sont amenés à la cave coopérative, et sont également à la tête d’une petite entreprise de prestation de service en mécanisation viticole.

Sentant l’inversion de tendance et l’attrait grandissant pour les vins de qualité le couple décide de vinifier au domaine et de réduire peu à peu les surfaces en production en sélectionnant les parcelles aux sols plus frais. Leur cave particulière sera opérationnelle au début des années 90.

Aujourd’hui les vignes s’étendent sur une dizaine d’hectares à proximité du Château et son travaillées manuellement. « Le choix a donc été de produire ce qu’on vendait. Car le commerce ne nous attirait pas énormément et nous préférions travailler les vignes et les vins que de passer du temps sur les routes à essayer de vendre. »

Aujourd’hui, Isabelle analyse les conséquences des choix viticoles du XX° siècle concernant la région :

« Il y a vraiment un renouveau mais nous portons encore cette image de piètre qualité et de vins de mélange.

Ceci-dit, c’est de moins en moins vrai, comme nous le montrent les clients étrangers qui viennent sans a priori sur la région. A l’inverse des français qui seront plus facilement des buveurs d’étiquettes ».

Pourtant, en 1870, les vins du Midi, et notamment ceux de Jonquières, avaient une belle réputation, comme en témoigne le catalogue d’époque d’un exportateur canadien. Car au XIX°, les vins de Jonquières se vendaient aux même prix que certains vins des Graves ou de Saint-Emilion.

François et Isabelle de Cabissole dans le chai à barrique - Château de Jonquières

François et Isabelle de Cabissole dans le chai à barrique – Château de Jonquières

 

D’ailleurs, pour nos deux vignerons, le Languedoc, non content d’être le berceau de la vigne en Europe, est aussi la région où cette culture s’adapte le mieux : « Nous avons un sol suffisamment pauvre pour la vigne et énormément diversifié. Le climat permettra une maturation optimum des raisins et peu d’interventions dans le vignoble, notamment au niveau des traitements. »

On peut aussi rajouter, pour le cas particulier du village de Jonquières, que l’altitude relative va conférer beaucoup de fraicheur aux vins mais que la situation, en contrebas du Causse du Larzac et du Mont Baudille, va limiter les entrées d’air froid excessives.

Les sols du domaine sont composés d’argiles et de cailloutis calcaires provenant du Causse.

Vignes au Château de Jonquières

Vignes au Château de Jonquières

 

Les cépages plantés sont majoritairement ceux de la région.

En rouge ce sont les traditionnels Cinsault et du Carignan en majorité, ainsi que du Grenache noir, du Mourvèdre et de la Syrah en complément.

En blanc, on trouvera du Grenache blanc et un cépage importé du Val de Loire, le Chenin. Cette particularité vient des années 90 où on plantait dans la région les cépages dits « améliorateurs ». Même si un retour aux cépages traditionnels se fait sentir, dans certains cas l’adaptation a été très réussie, à l’instar du Chenin à Jonquières.

Au niveau du travail des vignes, la recherche d’un équilibre est le mot d’ordre. « On fait ce qu’il faut, quand il faut et comment il faut ! »

Les vignes, d’un âge moyen d’une trentaine d’années, sont donc ébourgeonnées, palissées et vendangées manuellement.

Le labour et la tonte sont les principales techniques d’entretien des sols, raisonnés en fonction de la quantité d’eau disponible : « Les anciens disaient qu’un labour équivaut à une pluie mais cela permet aussi de favoriser la décomposition de la matière minérale. »

Pour la protection des maladies, celle-ci est fonction du climat de l’année mais reste faible dans l’ensemble, le climat de la région permettant de réduire au minimum ce genre d’interventions.

Le vignoble est donc conduit en protection raisonnée même si ce n’est pas officialisé par la labellisation.

Pour les vins, nos vignerons les font à leur goût. « Nous recherchons le fruit, la finesse et la fraîcheur pour reprendre les propos d’un collaborateur et ami. Avec de la chance, il y aura bien des gens pour aimer ce qu’on aime… » Ils ajoutent que « le vin est un produit de l’histoire, de la terre et du savoir faire. Il doit, avant tout, donner du plaisir. C’est dans ce sens que c’est un produit noble. »

Quand on leur demande s’ils pensent qu’il y a une part de magie dans l’élaboration du vin, ils répondent que « le vin se fait selon un processus biochimique bien connu mais ça reste toujours un peu mystérieux : le résultat est toujours différent selon les années. »

Les vins sont travaillés dans le respect des traditions, en petit volumes et sans technologie superflue.

En rouge, pas de sur-extraction mais des macérations suffisamment longues pour acquérir matière et corps. Les élevages ont lieu en cuve pour le Domaine de Jonquières rouge alors qu’une autre cuvée est élevée en barriques (Château de Jonquières – La Barronie).

En blanc (Domaine de Jonquières – blanc), la fin des fermentations et l’élevage a lieu en barriques ce qui permettra d’allier fruit et richesse en bouche.

Le Château de Jonquières - côté Nord
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Mais ce domaine ne se contente pas de produire du vin.

En effet, le Château de Jonquières est riche d’une histoire ancienne qui s’échelonne au gré des legs et des rénovations. On retrouve notamment des textes évoquant l’existence de la demeure dès le XIIème siècle. Puis plus on avance dans le temps et plus les choses se précisent avec les réhabilitations successives, notamment au XVIIème siècle, époque où le Château sera rénové pour atteindre sa forme actuelle.

On notera en particulier un magnifique double escalier courbe donnant sur la cour intérieure mais aussi la porte du parc, vestige d’une promenade close, qui est le logo du Château sur les bouteilles de vin.

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Une inscription en latin, au dessus d’une des portes d’entrée, témoigne de l’esprit de celui qui rénova la demeure.

Cette devise, la voici : « Crescere si nequeat soboles mea moenia crescent ». Soit, en français : « Si ma postérité ne peut naître, mes murailles croîtront ».

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Aujourd’hui, le Château est resté un lieu attractif et culturel dans la région.

Avec l’association Opus Vin dont le but est de « réunir la musique, le patrimoine architectural historique, le vin et les produits du terroir ». Dans ce cadre on notera prochainement (août 2008) la représentation de L’Avare de Molière dans la cour du Château ainsi qu’une représentation d’opéra.

Avec une autre association ce sera un concert electro-jazz suivi d’une dégustation des vins du village de Jonquières qui sera organisé.

Bientôt plus d’informations sur ces événements dans notre rubrique Agenda.

Le Château de Jonquières a donc une activité très diversifiée bien que les propriétaires soient avant tout des vignerons.

Ce qu’ils souhaitent pour le Languedoc c’est « que tout le monde y mette du sien pour promouvoir la région et ses vins car le Languedoc est plein de richesses insoupçonnées ».

Ce qu’ils préfèrent dans leur métier c’est « la liberté : travailler au milieu des vignes avec son propre rythme, faire le vin que nous aimons… »

Leur aboutissement serait « que les pierres puissent rester et que la suite soit possible et ouverte… »

Ce dont nous ne doutons point puisque parmi leurs trois enfants, au moins un, a déjà reçu en héritage la passion du vin…

Cette entrée a été publiée dans Rencontre avec le par Clément.

3 thoughts on “Château de Jonquières : entre vignes et patrimoine

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