C’est en 1998 qu’ Antoine Guéry reprend l’exploitation familiale. Déjà 8 générations s’y sont succédé et à cette époque, se pose la question de mettre son raisin en bouteille.
En effet, personne avant lui sur le domaine, n’avait osé essayé de faire ses propres vinifications, de s’occuper de la récolte de A à Z.
Antoine Guéry nous présente son domaine :
Je me souviens avoir démarré en 1998 avec la Cuvée Tradition. Je n’avais qu’une seule cuvée, je prenais donc des risques limités. Porté par la magie de voir enfin notre domaine imprimé sur une étiquette, notre étiquette, je lance le viognier dans la foulée en 1999. En 2001 c’est au tour de la cuvée Les Eolides.
Aujourd’hui notre gamme compte une dizaine de vins. Nos vignes ne sont pas traitées à l’aide de produits chimiques, mais nous ne sommes pas labellisés agriculture biologique car je pense que c’est avant tout un business énorme qui ne fait pas que du bien. Le consommateur aime ou pas le vin qu’il déguste. Mais je suis l’évolution de la chose attentivement.
Côté vin, c’est assez classique. Tous nos raisins sont éraflés mais pas foulés. Pour les blancs ensuite, ils sont débourbés assez longuement : 3 à 4 jours à une température comprise entre 8 et 10°C. Les fermentations alcooliques durent 3 semaines.
Pour les rouges, rien de plus simple : on ne fait que des pigeages manuels sur nos cuves. La cuvée tradition est élevée 1 an en cuve tandis que la cuvée des Eolides passe 12 à 14 mois en fût de chêne de 1 à 2 vins. Après sa mise en bouteille, il faut 6 à 8 mois avant sa mise sur le marché.
Tous nos vins sont collés et filtrés. Une filtration lâche qui ne dénature en rien le vin.
Chateau Guéry en dégustation
Les vins du château ont été dégustés sur le salon Vinisud puis 2 semaines plus tard à Montpellier en présence d’Antoine Guéry.
L’Intelligence 2011
100% Viognier
IGP d’OC
Vin Blanc
Issue d’une seule et même parcelle d’un sol argilo-calcaire, la cuvée 2010 a été distinguée au concours des grands vins du Languedoc-Roussillon (les vins du Sud 2011) organisé par l’Union des Oenologues de France, en recevant la Grande Médaille d’Or.
Voilà ce que nous en dit Antoine :
J’essaye de mettre en avant le côté végétal du cépage. Pas trop lourd mais pas trop végétal non plus. Je ne veux que la pureté du viognier .
Le premier nez est très intense, très viognier. C’est un exemple de Viognier. Si vous souhaitez découvrir ce cépage magnifique qu’est le viognier qui participe à la grandeur et à la renommée des vins des Côtes du Rhône septentrionaux (le Condrieu notamment), ce vin en est un excellent moyen d’aborder la complexité arômatique de ce dernier.
Les notes d’agrumes (fruit de la passion) et de pêche blanche, alternent avec de subtiles notes végétales très légères.
Le tout est aéré, aucune lourdeur comme on retrouve parfois dans le verre avec ce cépage.
L’entrée en bouche est très équilibrée et le bonbon anglais envahit le palais, ce sont des arômes dits secondaires, de la fermentation de la levure. Le milieu de bouche est plus complexe et diffuse des notes d’agrumes et d’épices. La finale, opulente, est dominée par l’abricot puis l’acidité revient allonger le tout pour finir avec une sensation citronnée.
La Force 2011
100% Chardonnay
IGP d’Oc
Vin blanc
Pour ce Chardonnay, 40% de la cuvée est vinifiée en fût, le reste en cuve.
Le premier nez est toasté mais pas trop, des arômes de noisette se dégagent du verre. L’aération libère le Chardonnay, c’est très typique. Des notes florales, intenses, sur l’aubépine et la famille des agrumes par la suite avec une pointe citronnée vient clore l’analyse olfactive.
L’entrée en bouche est acidulée puis une sensation d’équilibre se dégage de cette cuvée. Le vin prend de l’ampleur en milieu de bouche apportée par la barrique et la finale se positionne sur des saveurs d’agrumes. Le vin dégage une maîtrise du cépage et de l’équilibre très important pour un vin qui nous apporte une belle trame acide.
Les Eolides 2009
90% Syrah – 10% Grenache
AOC Minervois
Vin Rouge
Après une macération pré-fermentaire à froid de 4 jours, la vinification se poursuit par 3 pigeages quotidiens et une cuvaison de 3 semaines ; l’élevage en fût dure entre 12 et 14 mois.
Le premier nez est mentholé, un peu timide, l’aération le fait parler. La syrah dévoile un joli cocktail de fruits noirs mêlé à des notes empyreumatiques apportées par la barrique, mais le tout est très fondu et laisse le cépage s’exprimer sans pommade.
L’entrée en bouche est superbe. Très délicate et équilibrée, elle délivre la puissance du cassis, très marqué et sublimé par l’équilibre entre l’alcool et l’acidité. Tout s’assemble. La dégustation se poursuit en milieu de bouche avec de l’épice (armoise) pour finir sur des notes grillées et un équilibre parfait !
J’ai créé la cuvée les Eolides pour rendre hommage à un acteur majeur de notre terroir : le vent. Eolide signifie vent en réalité. Le compositeur classique César Franck (1822-1890) s’en est inspiré pour l’une de ses compositions créée dans notre village.
Ici il doit y avoir du vent 300 jours par an. Nous avons le Cers, un vent soufflant Nord-Ouest, le Marin plein Est, Le Grec qui lui s’oriente Nord-Est, le vent d’Espagne soufflant plein Sud et pour finir le Carcasse plein Ouest. Le vent du Nord ne souffle pratiquement pas, il est bloqué par la montagne noire qui nous protège.
Les vins du Chateau Guéry sont dans l’air du temps. Des blancs très typiques, sans lourdeur, faciles à boire. Les rouges sont une bonne porte d’entrée pour explorer le Minervois. Une cuvée plus légère au potentiel de garde moins long (Tradition 2010) et Les Eolides 2009 qui monte en gamme à la structure plus présente et à l’équilibre parfaitement maîtrisé.
Les vins du Château Guéry méritent toute votre attention et chez Midi-Vin, ils ont su nous séduire.
NB : la photo prise sur le salon Vinisud est tirée du site internet du domaine.