De passage au domaine Aupilhac par un temps radieux, Sylvain Fadat nous a fait part de son point de vue sur le millésime 2011. Bien entendu il fallait joindre l’acte à la parole, c’est ainsi que nous avons dégusté de nombreuses cuves de blanc, de rosé et de rouge.
Un moment toujours agréable. Midi-Vin remercie Sylvain Fadat de nous avoir consacré une après-midi à déguster ses vins fraîchement finalisés.
Le millésime 2011 à Montpeyroux
Tout a commencé à la floraison. IL faisait très chaud et nous avons pris 3 semaines d’avance. Avance que nous avons pratiquement entièrement perdue suite au mois de juillet particulièrement froid et pluvieux. Au final nous avions une semaine en avance sur le calendrier normal. En règle générale, la pluviométrie a été bonne tout au long du cycle végétatif, des pluies régulières au printemps, et un peu aux mois de juillet et août.
A partir du 10 août il a commencé à faire chaud, la chaleur que l’on attendait. Comme il y avait eu de l’eau, que tout était prêt pour que ça avance, la photosynthèse a tout accéléré du fait du nombre de feuilles présentes sur les souches. Tout a donc mûri rapidement et le mot d’ordre est très vite devenu « être attentif à la maturité ! »
On a fait un contrôle maturité le 16 août, on prenait un demi degré chaque 2/3 jours. Comme je ne voulais pas ramasser de raisins blancs sur-mûris, on a décidé de commencer à vendanger le 18 août. C’est la première fois que l’on vendangeait avant que dans le « Midi-Libre » une machine à vendanger soit publiée en première page pour annoncer le début de la récolte !
Les blancs faisaient un petit 13 degrés et l’acidité n’a pas été grillée, on a pu la préserver.
Quelques jours après on a ramassé le terroir des Cocalières. On voulait ramasser en 2 fois comme d’habitude, avec un décalage d’environ 10 jours. Ce décalage a tendance à diminuer chaque année. On a vendangé la Roussanne et la Marsanne 3 jours après. On pensait attendre pour le grenache Blanc et le Vermentino et finalement on l’a vendangé à la suite parce que tout était mûr.
En général les raisins, en rouge comme en blanc, avaient des peaux plus fines. Il n’y avait rien à attendre de ces peaux pour les rouges au niveau de l’extraction pendant les vinifications. Comme la maturité a galopé fin août, le degré montait et on a essayé de ramasser à un certain moment où le degré et la maturité de la peau pouvaient correspondre. Mais ce n’était jamais parfait car la peau était restée un petit peu verte. Comme les peaux étaient fines, je n’avais rien à en tirer. On a donc choisi de jouer la carte du millésime à 100% sur les rouges, c’est-à-dire de ne pas chercher des sur-maturités, trop d’extraction parce que le risque c’était d’extraire de la verdeur.
Les fermentations alcooliques se sont très bien déroulées ainsi que les fermentations malo-lactiques qui se sont enclenchées dans la foulée.
Les vins 2011 à la dégustation
L’assemblage du rosé est déjà fait. Concernant les blancs, il n’y a jamais eu d’assemblage à faire car les différents raisins sont pressés ensemble dans le pressoir. Seuls les terroirs sont vinifiés séparément.
L’assemblage de la cuvée Lou Mazet en rouge est finalisé aussi. Pour les autres cuvées, rien de fait, le vin a débuté son élevage en cuves, foudres et barriques.
Vin de pays Blanc 2011
Le nez est très floral, très ouvert. L’aération dégage des arômes fermentaires qui disparaitront d’ici peu de temps. La bouche est très bien structurée. Un poil plus d’acidité que 2010. La finale fait la part belle au Grenache Blanc.
Les Cocalières Blanc 2011
Le premier nez est opulent, très riche, marqué par la fleur blanche. L’aération laisse place aux notes d’élevage en demi-muit de 7 hectolitres.
L’entrée en bouche est dominée par les fruits jaunes, la finale s’exprime sur la poire et déjà une longueur qui fait rêver.
Rosé 2011
Les rosés ont été faits à 50% en pressurage direct et 50% de saignée sur les cuves de rouge. On a une majorité de Cinsault, suivie par du Grenache et du Mourvèdre. Une pointe de Syrah complète le tout.
Un rosé clair, bien plus que tous les millésimes précédents. Particularité : la fermentation malo-lactique a été faite. Un nez encore fermé, laissons-le se reposer. La bouche est ronde, c’est très agréable pour un rosé. On se projette déjà à l’été prochain à l’apéritif ou à table. Un vin droit sur une finale gourmande.
Lou Maset 2011
Premier nez très opulent, le vin est ouvert et prêt à boire. Le Grenache domine. Réglisse, garrigue. En bouche c’est le Cinsault qui ressort.
Grenache des Causses 2011
Tout sur la longueur ! Les tannins sont d’une finesse déroutante. L’épice envahit le verre. Un exemple de Grenache !
Carignan Aupilhac 2011
Très typique au nez. Un peu plus sauvage que l’an dernier, acidité très bien placée, on n’est pas dessus ! Les tannins sont là aussi insolents de finesse ! Vivement la mise en bouteille.
Syrah Cocalières 2011
Les fruits rouges sont discrets au nez. Le vin est un peu fermé c’est normal. La bouche est empyreumatique, en pleine mutation. Laissons-le tranquille.
Mourvèdre Cocalières 2011
Quelle surprise de voir ce Mourvèdre plein de vivacité. Un nez ouvert sur les épices, on se croirait sur la parcelle.
Le Mourvèdre du terroir Aupilhac est, lui, fermé, plus typique de ce que l’on sait de ce cépage à cette époque de l’année. Soyons patient.
Cuvée Le Clos 2009
Syrah / Grenache / Mourvèdre / Carignan
Enfin cette cuvée est en bouteille pour notre plus grand bonheur.
Le premier nez est marqué par des notes chocolatées, de cerise au kirch.
L’entrée en bouche est pleine, il y a de la matière muselée par un élevage millimétré que l’on perçoit légèrement en milieu de bouche. La finale laisse place à un savant mélange de moka et d’épices. La syrah domine sur cette finale. Tout est équilibre et maîtrise, d’un assemblage superbe.
Il ne sera que plus grand encore dans les mois, les années à venir.