Parmi les domaines viticoles de la région Languedoc-Roussillon, certains correspondent particulièrement à l’image que l’on peut avoir généralement du « vin à la française »: un vignoble qualitatif appuyé sur un patrimoine historique réel.
Faisant partie intégrante de la « guirlande des châteaux de Montpellier », Le Château de l’Engarran – situé à Lavérune – en est un des plus fiers exemples.
L’originalité des vins de l’Engarran tient à « l’expression du travail qui se reflète dans l’histoire et le terroir »
Fait remarquable: depuis trois générations ce sont les femmes de la famille qui se transmettent les commandes du domaine. Rencontre, donc, avec deux soeurs, celles qui poursuivent et pérennisent ce noble outil de travail, Diane Losfelt (Directrice Technique) et Constance Rerolle (Directrice Commerciale).
Ici, pas de « château » qui n’existerait que sur l’étiquette et pas de viticulture de masse !
Au Château de l’Engarran c’est depuis 1632 que les pierres sont là – le Château est d’ailleurs classé Monument Historique – mais c’est également depuis cette époque que la vigne y est cultivée. Car alors la viticulture faisant partie intégrante des activités d’un château comme en témoigne les deux Atlantes du XVIII° (bustes sculptés sur la façade du bâtiment principal) ornées de pampres de vigne, symboles de la vocation viticole du domaine.
Peu à peu, cette vocation s’affirme. On notera par exemple la présence, sur les terres du domaine, d’un système de drainage enterré (comme dans le célèbre cru du Sauternais), appelé « bourneau » et datant du XVIII° siècle.
Aujourd’hui c’est depuis cinq générations que la famille Grill poursuit cette destinée. Et comme je vous le disais tout à l’heure, ce sont les femmes de la famille qui depuis trois générations gèrent le domaine. Etonnant dans ce milieu qu’on dit si masculin et dans cette région à la culture plutôt « latine » ! Pourtant, bien loin des préjugés et autres a priori, les vins du Château présentent une belle structure et une aptitude à la garde évidente. Qui a dit que les femmes aimaient les vins légers ? En tout cas quand on demande à Diane Losfelt si elle pense que le monde du vin s’ouvre aux femmes elle répond avec ironie « que les femmes n’attendent pas que le monde du vin s’ouvre à elles ».
Le terroir, celui de Saint-Georges d’Orques – vanté au XVI° siècle par François Rabelais (rien que ça!) – est composé de cailloutis roulés et de marnes, aux propriétés drainantes. Le climat est – bien entendu – méridional, conférant chaleur et maturité, bien qu’une certaine fraîcheur soit belle et bien présente dans les vins.
Le domaine s’étend sur 60 hectares, dont seulement une cinquantaine sont en production, « pour permettre une rotation des cultures adaptée ».
Les vignes sont conduites en Production Intégrée avec travail du sol, enherbement et des interventions chimiques limitées au strict raisonnable. Selon Diane Losfelt, « tout se passe à la vigne ». Il y a donc une réelle « recherche de l’équilibre » qui passe par l’écoute des vignes : « les vignes disent beaucoup de choses si on sait les écouter ». Enfin, quand on demande ce que veut dire bien travailler sa vigne, on n’est pas étonné d’entendre: « observer, comprendre et agir mais surtout y être souvent ».
Les cépages sont les traditionnels méridionaux (Grenache, Syrah, Carignan, Mourvèdre, Cinsault) agrémentés de quelques hectares de Cabernet Franc et de Sauvignon blanc, sans doute un lien aux origines girondines de la famille.
Les rendements maîtrisés permettent d’avoir de la matière sans surconcentration: les raisins présentent une acidité relative pouvant produire des cuvées de belle garde.
« Les maîtres mots pendant les vendanges sont dynamisme, passion et plaisir. Car l’ambiance est très importante dans ce moment de tension annuel ».
Analyses chimiques des raisins, observations des vignes et dégustations des baies sont les moyens de déterminer la date de récolte de chaque parcelle.
Au niveau de la vinification, tout se fait en sélection parcellaire. « Ne rien mélanger avant les assemblages permet de tirer le meilleur parti de chaque parcelle ». Tout ce travail de sélection est effectué dans le but de « suivre un certain style dans les vins du domaine, avec en toile de fond les variations du millésime ».
Les vinifications sont généralement traditionnelles avec des cuvaisons longues, allant parfois au delà de 3 semaines pour certaines cuvées. La macération carbonique est parfois utilisée « pour obtenir quelque chose de moins sérieux avec des notes grillées et fruitées ».
Au niveau des sulfites, les doses sont volontairement limitées au strict minimum. Les moyens pour y parvenir sont une hygiène irréprochable dans la cave et une veille constante des vins (ouillage régulier des barriques…).
L’élevage se fait en cuve ou en barrique, en fonction des cuvées, mais dans tous les cas l’assemblage est effectué le plus tard possible.
Tous ces choix sont faits dans l’objectif d’être reconnu pour la qualité des vins produits. Pour y parvenir, la philosophie de la famille, est présentée ainsi par Diane Losfelt: « remettre sans arrêt sur le métier son ouvrage ».
Les vins, nous en parlerons plus en détail dans un tout prochain billet. Mais je peux d’ores et déjà vous dire qu’ils sont commercialisés sur notre boutique et que des dégustations sont organisées chaque week-end au domaine.
Mais pour finir en beauté cet article écoutons ces quelques mots: « ce que je préfère dans mon métier c’est être dans les vignes, le matin, au milieu de cette palette de lumières, de bruits et d’impressions ».
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J’adore c’est tout à fait mon style de vin!
Et maintenant que je sais que le domaine est géré par des femmes…il me goûtera d’avantage!