Débat sur la Viticulture : l’arrachage et après ?

L’arrachage : seule solution pour la viticulture languedocienne ?

Arrachage Vignes
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Votre serviteur a suivi la conférence débat qui a eu lieu le 6 octobre au Mas de Saporta (siège du CIVL), initié par le magazine économique Objectif Languedoc Roussillon et intitulé :  Viticulture : l’arrachage et après ?

Étaient invités à la tribune :

J’ai essayé de vous faire partager les informations glanées au cours des différentes interventions. Et je ne peux m’empêcher de donner mon avis sur la forme plus que sur le fond (trop long à écrire …).

Quelques chiffres (notés en séance et donc sujet à vérification sur le site FranceAgrimer notamment) sur l’arrachage en Languedoc Roussillon et d’autres informations :

  • 7594 hectares de vigne ont fait l’objet d’un dossier de demande d’arrachage au 31/8/2010
    • Aude : 2755 hectares
    • Hérault : 2152 hectares
    • Gard : 1795 hectares
    • P.O. : 890 hectares
  • En 2008, 5947 hectares ont été primés sur 14000 hectares faisant l’objet d’une demande
  • En 2009, 5567 hectares ont été primés sur 11000 hectares faisant l’objet d’une demande
  • Arrachage total (pas de continuité d’activité) : 85% des demandes effectuées
  • Diminution de la surface plantée en Languedoc Roussillon de 170000 hectares en 40 ans (mouvement amorcé à la fin des années 70)
  • Taille moyenne d’une parcelle en Languedoc Roussillon : 40 ares -> remembrement souhaitable si ce n’est indispensable
  • Production : de 30 millions d’hectolitres en 1984 à 12 millions estimés en 2010
  • Diminution des installations (à peine une dizaine cette année en Languedoc Roussillon)
  • Chaque année, la consommation territoriale (terre agricole occupée par des infrastructures ou des logements) en Languedoc Roussillon est deux fois supérieure à la moyenne nationale : énorme difficulté à trouver du foncier pour des éventuelles installations – compétition pour l’eau dans les années à venir (irrigation pour les terres agricoles ou eau de consommation et d’usage pour les spots touristiques -> choix politique)
  • Rôle de l’inter-profession viticole (Inter Sud) décrite par Bernard Devic :
    • suivre l’économie de la filière (production et mise en marché)
    • suivre qualitativement la production jusqu’à la mise en marché (Suivi Aval Qualité)
    • communiquer
    • budget basé sur des taxes prélevées sur la vente de vins

Des chiffres qui ne font que confirmer la transformation radicale et douloureuse que connaît notre vignoble languedocien depuis longtemps déjà.

Mais regardons un peu l’avenir, la vision « et après ? » du débat :

  • L’oeno-tourisme est une voie de diversification qui s’impose : plusieurs projets privés (200 M d’euros à Olonzac opération portée par les groupes Cox et Emaar Hospitality / Gérard Bertrand qui souhaite investir 1 M d’euros sur le château l’Hospitalet : source : La Lettre M) très ambitieux en Languedoc Roussillon ont été récemment annoncés.
  • Pas véritablement de voie de diversification vers d’autres cultures (oléiculture, culture maraîchère, plantes médicinales) pour des raisons de sol (la vigne pousse très souvent dans des terres pauvres)
  • Nouveaux objectifs fixés au monde agricole qui seront très certainement discutés avec la prochaine PAC (Politique Agricole Commune) et la future OCM (Organisation Commune du Marché -> plus d’infos à ce sujet en fin d’article)

Les questions-réponses à la fin :

  • un de mes voisins (en reconversion au Master Commerce des Vins de Montpellier) a soumis l’idée d’un investissement privé (FPI ou FCPI) dédié spécifiquement à la viticulture.
  • un expert-comptable a parlé d’une situation financière catastrophique des caves coopératives. Cette opinion n’était pas vraiment partagée par Bernard Devic et Denis Carretier. Le sujet semblait un peu polémique.
  • Pourquoi 4 interprofessions dans le Languedoc Roussillon alors qu’ailleurs (exemple cité la Champagne) elle est unique ? Selon Bernard Devic, les missions des interprofessions sont fixées par décret. Les 4 interprofessions ne peuvent être fusionnées dans l’état.

Vous pouvez retrouver le montage vidéo sur Objectif News le canal vidéo du magazine, montage vidéo qui résume un peu (beaucoup) les points de vue exprimés.

Mon ressenti : ce genre de conférence débat permet de faire un tour d’horizon de la situation et des acteurs mais rarement, elle donne aux auditeurs une vision très prospective. Chacun des intervenants a informé sur sa vision des problèmes passés (l’arrachage, l’encépagement ) et actuels de la viticulture languedocienne (la formation des viticulteurs à un nouveau métier agricole ou touristique, les problèmes de foncier et de mise en marché), ses actions ou études en cours (j’ai mieux compris le rôle de l’inter-profession), ces souhaits (implication des politiques pour sauvegarder la viticulture). Pour moi, il manquait clairement un intervenant de type Comité Départemental du Tourisme ou bien Magali Vergnes (déléguée régionale à l’oeno-tourisme) qui nous aurait peut-être éclairé sur des actions en cours ou à venir dans le domaine de l’oeno-tourisme.

En gros, cette conférence ne m’a pas rendu plus confiant dans l’avenir de notre viticulture mais celà n’était peut-être dû qu’à l’effet des premiers tourbillons de l’automne …

PS : pour en savoir plus sur l’inter-profession

sur le rôle affecté aux inter-professions, vous pouvez toujours lire l’article 7 du projet de loi de Modernisation de l’Agriculture et de la Pêche déposé au Sénat le 6 mai 2010.

sur les blocages de l’inter-profession qui ne date pas d’hier :  interview de ce dernier (février 2008) chez Jacques Berthomeau

sur l’organigramme Intersud : on comprend mieux la difficulté sur les décisions

OCM : Organisation Commune du Marché : règles communautaires édicté par la CEE pour un marché économique en l’occurrence celui du vin. La dernière réforme de l’OCM avait été commentée déjà par Midi-Vin. Autre article sur le sujet par la CNAOC (Confédération Nationale des producteurs de vins et eaux de vie de vin à Appellations d’Origine Contrôlées).

Cette entrée a été publiée dans Editorial le par Caves Notre Dame.

2 thoughts on “Débat sur la Viticulture : l’arrachage et après ?

  1. Jean-Marie Cabrières

    Bonjour,

    Je suis viticulteur dans le Luberon et notre région connaît une situation relativement similaire. Même si des points de différence existent bien sûr entre ces deux zones.

    La crise viticole impacte pleinement de nombreux producteurs et les prévisions semblent relativement pessimistes pour nombre d’entre eux, notamment pour les caves coopératives.

    Mais comme dans toute période de crise, certains parviennent cependant à mieux s’adapter et à se relèvent plus forts. Quelques domaines s’en sortent même très bien.

    L’avenir est certes un peu sombre, mais je suis sûr que se dégagent déjà quelques perspectives encourageantes. La région Languedoc-Roussillon a d’ailleurs en dix ans particulièrement amélioré son image auprès des amateurs de vin. Une première victoire!

  2. They

    Dommage que les invités à la tribune n’aient jamais travaillé la vigne et n’aient jamais vinifié une bouteille de vin.

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