Malgré une grippe 48 heures avant le démarrage des festivités Vinisud 2012 et ses salons off, qui m’a amoché le nez et le palais pendant toute la durée du salon, j’ai pu faire un minimum (euphémisme) de dégustation et rencontrer (toujours avec grand plaisir) les vignerons et vigneronnes avec lesquels on travaille et ceux avec lesquels il y a de bonne chance pour que cela se fasse.
Voici un résumé (un peu long) de mon périple à Vinisud 2012 et ses off : le Vin de mes Amis organisé par Jean-Baptiste Sénat (et sa femme) du domaine éponyme, Viens à la Source organisé par Anthony Tortul du domaine de la Sorga et un off organisé par Marco Bertossi dans sa cave L’Art du Vin à Castelnau le Lez.
- Le Vin de mes Amis à Verchant organisé par Jean-Baptiste Sénat
C’est dans le cadre classieux du domaine de Verchant (propriété de Mr et Mme Mestre patrons de la chaîne de vêtement pour enfant Orchestra) que se passait ce salon. Le cadre et l’affiche en fait un incontournable off de Vinisud.
J’y ai dégusté les vins de :
- Niklos et Caroline Bantlin du domaine des Enfants Sauvages dans les Fenouillèdes : confirmation des impressions lors de notre passage au salon La Remise en 2010. Finesse, fraîcheur et délicatesse. Je commence bien.
- Didier Barral du domaine au combien célèbre Léon Barral en Faugères : reconnu par les naturistes (pas ceux qui vont au Cap d’Agde mais les pourfendeurs du SO2 en vinification) comme un des précurseurs du mouvement en Languedoc, ces vins ont fait ou font encore parfois polémique. Pas franchement emballé sur le blanc (nez désobligeant), j’ai vraiment trouvé ces rouges d’excellentes factures. Ces vins doivent voyager merveilleusement dans le temps dans d’excellentes conditions de conservation : avis aux amateurs de belle garde.
- Catherine Bernard installé à Saint Drézéry : le premier mot qui me vient pour décrire ses vins, c’est originalité. Des vins à l’image de la vigneronne et qu’elle revendique. Mais originalité ne rime pas forcément avec excentricité : beau travail (vin souple, harmonieux, frais) avec de la suite dans les idées.
- Guilhem Barré en Cabardès : des vins à son image et celui de son terroir, généreux, gaillard mais avec une âme et des convictions (peu sulfité ou pas du tout pour certaines cuvées) : mon coup de coeur pour ses cuvées La Peyrière en 2011 et Sous le Bois 2009.
- Domaine Mamaruta en Fitou : j’avais déjà dégusté ses vins au salon l’Epicuvin de Fabrègues en novembre. Sa cuvée Cacahuète, çà donne la patate ;o) Et coup de coeur aussi pour Constellation (Maccabeu + Carignan Blanc) et Cocotte (100% carignan) : les vins rouge sont à carafer pour éviter un nez un peu réduit parfois.
- Domaine Hautes Terres de Comberousse : Paul Reder ne fait que des blancs mais quels blancs ! C’est un petit supplice de recracher. Un ensemble de cuvées homogènes, avec finesse et précision. Du rolle / vermentino, du grenache blanc ou gris, de la roussanne : tous ces cépages parfaitement travaillés pour leur qualité respective (arôme pour le rolle, ampleur pour le grenache et complexité pour la roussanne), élevés comme il faut (pas de bois), ciselés (quelques notes oxydatives subtiles mais qui ne masquent pas tout l’équilibre et la complexité des vins). Du très, très bel ouvrage.
- Elian Da Ros des côtes du Marmandais : j’ai dégusté pour parfaire ma connaissance des vins hors Languedoc Roussillon suite à l’amicale pression de certains de mes confrères cavistes facebookiens. La cuvée Le Clos Baquey (cépages bordelais à dominante de Merlot + cépage autochtone Abouriou) dont je n’ai pas noté le millésime m’a particulièrement ravi par ses côtés floraux et de fruits rouges associés à une complexité remarquable. Si je pars en vacances du côté de Marmande, je sais où j’irais déguster.
- Maxime Magnon dans les Corbières : c’est Gilles Azam des Hautes Terres qui m’a indiqué ce jeune vigneron. Même si il m’a peu consacré de temps, ces vins ne m’ont pas laissé indifférent. Je dirai même qu’ils vous poussent au questionnement. Mais le vigneron m’a assuré que tout était fait naturellement et respectueusement. Déroutant tout de même.
- Yannick Pelletier en Saint Chinian : un Saint Chinian sur les schistes mais qui cherche le fruit. Des vins d’une belle fraîcheur, avec ce qu’il faut de notes fumées et minérales pour ne pas trahir leur terroir. Belle découverte.
- La star du salon : Jean-Yves Bordier de Saint Malo. Non ne cherchez pas : ce n’est pas un vigneron mais un crémier avec des beurres exceptionnels.
- Viens à la Source : organisé par Anthony Tortul du domaine La Sorga qui avait lieu au domaine de Fangouse à Lattes. Le cadre est plus rustique mais la convivialité était de mise.
- Thierry Navarre en Saint Chinian : j’ai connu les vins de Thierry il y a bien longtemps déjà par l’intermédiaire d’une amie qui travaillait dans un musée consacré à l’agriculture et son histoire sur Montpellier. J »ai discuté avec Thierry d’un souvenir ému de dégustation des bouteilles de son millésime 1998. Thierry, un des précurseurs du bio / biodynamie en Languedoc Roussillon, me disait son inquiétude sur les évolutions climatiques car il ne retrouve pas la puissance et l »équilibre des millésimes de ces années là dans ses vins actuels. La cuvée Laouzil pour la garde et ses vins d’Oeillades (un cousin du Cinsault) en rosé et en rouge pour la soif sont extrêmement recommandables. Mais les connaisseurs le savent déjà.
- Julien Peyras : installé à Paulhan (j’y ai travaillé il y a bien longtemps chez Irrifrance, un fleuron français du matériel d’irrigation), ces vignes sont sur la commune d’Aspiran un peu plus au nord. Les terroirs sont multiples et variés : argilo-calcaires, villafranchiens et terres noires volcaniques. Jeune vigneron, Julien Peyras a fait le choix de travailler selon les principes du vin nature, aidé en celà au démarrage par Bernard Belhasen du domaine Fontedicto. Honnêtement, mon jugement a surement été altéré par mon état physique : j’ai trouvé ces vins un peu durs, comme si ils avaient été récemment malmenés, rudoyés. Comme si les vins voulaient me faire payer quelque chose. Mais comme j’ai entendu d’autres dégustateurs s’extasier (des Suisses notamment) à la dégustation des vins de Julien Peyras, je préfère penser que mon jugement était obscurci. Un domaine à déguster de nouveau quand je serai en meilleure forme.
- Mylène Bru installée à Saint-Pargoire : nos amis suisses ont pris d’assaut son stand. Le chasselas est largement utilisé dans le canton du Valais et en Allemagne pour donner des vins blancs, fins et puissants, bien marqués par leur terroir qui peuvent aussi bien se servir à l’apéritif que pour accompagner les fromages des Alpes ou leurs plats typiques (fondue, raclette). Le résultat en Languedoc est très surprenant : beaucoup de fraîcheur, de l’acidité mais avec une belle tenue en bouche. Encore un vin atypique et séduisant.
- Anthony Tortul de la Sorga : l’homme aux 28 ou 29 cuvées. Anthony s’est lancé dans le négoce en achetant les raisins à une quinzaine de vignerons bio (certifiés ou pas – depuis l’Ariège jusqu’aux Côtes du Rhône du côté de Chateauneuf du Pape) qu’il vinifie lui-même. Tous ses vins sont en vin de table afin de simplifier les démarches administratives. Des vins tous marqués par une excellente buvabilité (pas de défaut sur les nez ou la texture que l’on peut trouver sur certains vins natures), chacun avec son empreinte et sa spécificité (cépage, méthode de vinification). Et tous ces vins avec des étiquettes qui vous pètent à la gueule en vous invitant joyeusement à la débouche. De la communication, du marketing et aussi beaucoup de savoir faire en vinification. Chapeau : c’est plaisant et réjouissant à boire.
- Benoit Braujou du domaine Font-Sanatis : j’avais déjà dégusté les vins de Benoit au salon des vins d’Aniane l’été dernier. Et j’avais accroché de suite : des vins étonnants, atypiques mais diablement bons. Un vrai petit faible pour sa cuvée Senescal (100% Aramon). Quand simplicité et XXX riment …
- Ivo Ferreira du domaine de l’Escarpolette : si vous suivez notre actualité, nous ne sommes peut être pas les premiers mais celà fait un petit moment que l’on vous dit que ses vins sont excellents. Que dire de plus : son blanc (muscat + maccabeu vinifié comme un rouge) est un vrai moment de bonheur.
- L’Art de Vin : organisé par Marco Bertossi dans sa cave éponyme à Castelnau Le Lez.
C’est la fin de la journée : je n’ai pas pris de notes. Juste content d’être là et de discuter des bonnes et moins bonnes choses que l’on a dégusté dans la journée. J’ai surtout discuté avec Jean-Baptiste Lemaire de Vinivert et Jérémy Borelli de JeCreeMaCave, fait la connaissance de Geoffroy Gamba et d’autres personnes connus sur les réseaux sociaux.
- Domaine de Rousselin : j’ai connu Laurence via Facebook. Ce sont plutôt nos goûts musicaux (bruitistes et agités) qui nous ont permis d’échanger sur ce réseau social. Leurs vins (un couple de vignerons) m’ont particulièrement plu : mention spéciale au Rouge Grenat (VDN rouge) et à la cuvée Les Orientales. Un vin exquis à marier avec une cuisine sucrée-salée ou orientale (épice douce).
- Domaine Henri Milan : j’enfonce une porte ouverte mais ces vins sont diaboliquement bons.
- Et puis plein d’autres bonnes bouteilles : Ivo Pagès, un Saumur Champigny, un Morgon. Plein de bonnes choses qui sont en vente chez Marco.
Mardi matin et mercredi ont fait l’objet de visites professionnelles aux vignerons que l’on commercialise et dont nous allons publier un compte-rendu de nos dégustations dans les jours à venir.
Mardi après-midi, j’ai été invité à un off organisé par la Cave du Pêché Divin (partenaire récent de Midi-Vin qui nous permet d’élargir notre catalogue en ligne) dans le cadre classieux du restaurant La Réserve Rimbaud à Montpellier. Encore de très belles choses comme les vins de Jean-Philippe Padié et ceux du Pas de l’Escalette. Et une émotion particulière à la dégustation des vins du domaine de l’Aurage. Celà faisait très longtemps que je n’avais pas dégusté un vin si remarquable de finesse, d’équilibre, de justesse et de richesse. Vraiment ma grosse claque des 4 jours. Et dire que c’est un côteaux du castillon !
Mercredi en fin de matinée, nous (j’avais invité un bon client) avons participé à une manifestation organisé par le syndicat du Pic Saint Loup sur les vieux millésimes. Sont sortis haut la main vainqueurs du challenge : la Grenadière 2001 du Mas Bruguière et les Ammonites 2003 du domaine de Sigalière en rouge, un Saint Agnès Blanc 2004 de l’Ermitage du Pic Saint Loup. Et pourtant il y avait du beau monde (Clos Marie, Hortus, Mas Fournel, …) dans les flacons. Et le repas traiteur était un véritable délice : parmentier de joue de boeuf sauce en daube. Terrible !
Vinisud, c’est 3 à 4 jours (des off qui commencent le dimanche) de folie, d’échange, de convivialité, de plaisir. Mieux vaut être en forme ce qui n’était pas vraiment mon cas cette année. Je préfère de loin le cadre de Millésime Bio, plus simple, plus épuré : juste le vin comme point focal et non la démesure de certains domaines ou appellations dans des stands qui en mettent plein la vue. A partir de l’an prochain, Vinisud se déclinera toutes les années impaires en Asie. Donc peut-être un voyage à Shanghai en 2013 …
PS : je tiens aussi à présenter mes excuses à toutes les personnes qui m’avaient sollicité avant le salon (Iris Rutz-Rudel du domaine Lisson, le domaine Virgile Joly, les Outsiders avec Louise Hurren et Katie Jones, le domaine Castan avec Valérie Castan) pour un simple passage à leur stand Vinisud ou leur off mais vraiment, il était difficile pour moi de tout faire surtout dans l’état physique où j’étais.