Vinisud 2010 Montpellier et ses salons off
En marge de Vinisud 2010 Montpellier, des salons satellites dits « off » se sont greffés à la manifestation. Ils ont profité de l’afflux de professionnels sur le secteur montpelliérain pour proposer une prolongation du salon lui-même. Regorgeant d’excellents vignerons n’ayant pas tous choisi de participer au salon Vinisud 2010 Montpellier, ces « off » – véritables représentations miniatures – ont permis d’animer les soirées tout en donnant aux vignerons la possibilité de faire passer leur message. Souvent décriées, ces manifestations ont souvent étaient jugées comme « parasites » du salon Vinisud 2010 Montpellier. Notamment quand celles-ci sont organisées pendant les heures d’ouverture du salon.
Pourquoi ces salons existent-ils ? Quelle a été l’offre cette année ? Voici les deux premières questions auxquelles je répondrai. Puis, je vous rapporterai mes impressions sur les deux « off » auxquels j’ai participé. Avec en prime les quelques cuvées du Languedoc-Roussillon qui m’ont marquées.
Pourquoi faire un salon « off » ?
C’est la première question que vous devez vous poser. D’où vient la nécessité de faire ces salons satellites alors que Vinisud 2010 Montpellier est si porteur ? Cette question, je l’ai posée à plusieurs exposants.
Le premier m’a confirmé que le droit d’entrée (l’achat d’un emplacement) au salon Vinisud 2010 Montpellier n’était pas donné. Surtout lorsque l’on n’appartient pas à une appellation forte et que l’on ne souhaite pas se noyer dans une masse de vignerons « Sud de France » par exemple. Dans ce cas là, les salons « off » constituent une opportunité moins onéreuse pour présenter ses vins lors d’un regroupement plus convivial, et en bénéficiant – souvent – de la présence de vignerons réputés. Ne généralisons pas tout de même !
La seconde voix que j’ai eue de ces salons me venait d’une vigneronne – présente sur Vinisud – qui participait le même jour à un « off ». Pour réaliser cette performance, elle s’est organisée avec son mari pour que l’un soit présent sur Vinisud 2010 Montpellier tandis que l’autre assurait la promotion des vins du domaine sur le salon « off ». Cette opportunité lui a permis de présenter ses vins dans un cadre plus intime et calme où les vignerons se réunissaient pour d’autres points communs que le nom de l’appellation.
Et puis, d’une manière plus facile à comprendre, ces manifestations permettaient aux vignerons non concernés par Vinisud 2010 Montpellier (bordelais, champenois, bourguignons, vignerons « hors Méditerranée »…) de participer à cette grande fête.
Enfin, ces salons permettaient aux visiteurs de Vinisud de sortir du cadre oppressant de cet immense salon afin de prendre un peu l’air frais de Montpellier !
Il faut tout de même garder à l’esprit que le succès des salons « off » est en grande partie lié à celui du salon principal Vinisud. Sans « in » pas de « off » !
Un foisonnement de salons « off » autour de Vinisud en 2010.
Cette année fut – une fois de plus – la démonstration que les salons « off » ont le vent en poupe. Toujours plus diversifiés, ces salons se sont déclinés sous deux formes :
- Les traditionnels regroupements de vignerons « hautes coutures », souvent amis, qui partagent les mêmes idées et cette passion pour les vins de terroir.
- Puis, les nouvelles tendances de regroupements. Récemment formés, ces groupes véhiculent des messages qu’ils ont en commun comme la viticulture et la vinification peu interventionnistes, ou alors l’émancipation de la femme pour le métier de vigneronne.
Ainsi, une dizaine de salons se déclinaient cette année :
Viens à la source : le salon des vins vivants issus d’une viticulture propre et respectant une vinification non interventionniste. Une vingtaine de vignerons s’étaient regroupés à Lattes.
Hors piste : un micro-salon regroupant 8 vignerons du pourtour méditerranéen pour la première fois autour de Vinisud. Réunis à l’Hôtel de l’Aéroport à côté de celui-ci, ces vignerons y proposaient leurs vins, pas comme les autres, hors des sentiers battus et de la mode actuelle.
Melting potes : 24 vignerons de divers horizons partageaient leur passion pour leurs terroirs et le goût d’un travail artisanal et respectueux de l’environnement. Ils se réunissaient à Béziers, la veille de Vinisud.
Vinum Nostrum : les vignerons de Vinum Nostrum déménageaient au domaine de Verchant à Castelnau le Lez et se regroupaient sous la bannière : « Le Vin de mes Amis ». Une cinquantaine de vignerons – venus de toute la France pour partager leurs vins – proposaient l’un des « off » les plus aguichants auquel je n’ai malheureusement pas pu participer …
Ma femme est à la vigne : la deuxième édition du salon de la vigneronne offrait une ambiance décontractée et simple, des anciens et des nouveaux, des vignerons réputés et de petits domaines à découvrir. Bref, un salon loin du business du vin et faisant honneur aux vigneronnes !
Les Vinifilles : en 2009, une belle poignée de vigneronnes représentant les différentes appellations du Languedoc-Roussillon s’étaient regroupées pour donner naissance à » Vinifilles « . Cette année, à l’occasion de Vinisud, elles se regroupaient au Jam à Montpellier où elles s’engageaient à valoriser le métier d’agricultrice auprès des jeunes et de ceux qu’elles côtoyaient pour l’occasion, afin de raconter et partager les sensations fortes issues du travail de la terre jusqu’aux secrets d’une exportation réussie.
Impossible de participer à tous ces « off » tout en étant présent à Vinisud 2010 Montpellier. Néanmoins, j’ai eu l’opportunité de participer à deux soirées :
A l’Atelier, une sélection des meilleurs vignerons du Languedoc-Roussillon.
Frédéric Jeanjean et son équipe de la Cave des Arceaux organisaient – le dimanche avant Vinisud 2010 Montpellier – une soirée dans laquelle une vingtaine de vignerons étaient conviés pour faire découvrir leurs vins dans le très chaleureux bar à vin l’Atelier à Montpellier.
Une très belle soirée, marquée par la présence de vignerons du Languedoc-Roussillon, pointures en termes de qualité des vins. A noter la très bonne organisation de l’équipe de la Cave des Arceaux. Leur parfaite entente avec le personnel de l’Atelier a contribué pleinement à la convivialité et à la réussite de cette soirée. Bravo à eux !
Coté vins, que du bon ! Ça m’a fait plaisir de commencer Vinisud par ça ! En réalité, Vinisud avait commencé – un peu avant dans l’après midi pour moi – avec une visite riche en découvertes chez Sylvain Fadat au Domaine d’Aupilhac (rencontre qui sera commentée très prochainement sur le blog !). Parmi les quelques cuvées remarquables que j’ai dégustées :
Frédéric Porro – « La Marèle » 2005 – Vin de Pays d’Oc
Syrah – Cabernet-Sauvignon – Grenache
vin rouge – 54 €
Époustouflant ! Véritablement l’un des grands vins du Sud de la France !
La robe est sombre et d’une densité remarquable.
Au nez, c’est une explosion d’arômes de fruits rouges (framboise, fraise écrasée, groseille) qui jonglent avec des notes subtiles de menthe fraîche. Le tout est relevé par des senteurs de garrigue, épicées et gourmandes.
En bouche, (et c’est bien là que la différence se fait) l’attaque est fraîche, suave, intense, et d’une densité extrême. L’acidité porte au loin les arômes de fruits rouges perçus au nez. Les tanins sont élégants et bien présents. Ce vin conserve une concentration formidable et présente déjà un potentiel de garde impressionnant. Seule problème : la rareté de cette cuvée ! Mais quel bel hommage au vin du terroir d’Argelliers qui présente sans nul doute une caractéristique magique : son extrême fraîcheur peut être …
Domaine Clavel – Copa Santa 2007 – CDL La Méjanelle
Syrah –Grenache – Mourvèdre
vin rouge – 15,70 €
Le nez exprime de puissantes notes d’olive noire, d’épices, de cacao auxquelles se mêle une pointe mentholée. L’intensité du nez est remarquable.
L’attaque en bouche est massive, musclée et concentrée. Quelle puissance ! Les tanins sont sincères, pleins de vie. Ils offrent en bouche un relief incroyable et appellent à une cuisine relevée et riche. Un cassoulet par exemple ! La longueur n’en finit pas et s’exprime sur des notes de réglisse, de moka, de cacao. C’est généreux, sincère et gourmand … tout comme Pierre Clavel que je connais bien !
Domaine de l’Ancienne Mercerie – « Les Petites Mains » 2008 – AOC Faugères
Syrah – Carignan – Grenache – Mourvèdre
vin rouge – 8 €
Je me répète mais, pour ce prix vous avez un excellent Faugères de terroir, expressif et gourmand.
Son nez exprime des notes viandées (grillées et fumées). Ces notes sont relevées par une touche poivrée. Après aération, des senteurs subtiles de pralines caramélisées s’échappent du verre.
L’attaque en bouche est fraîche, fluide, précise. La puissance est progressive et le vin remplit la bouche. Les tanins sont fins, fondus et gourmands. La finale offre des arômes de cuir, de cacao, vraiment agréables !
Roc d’Anglade – « le Rosé » 2009 – Vin de Pays du Gard
Carignan – Mourvèdre
vin rosé – 11 €
Extraordinaire ce rosé ! Un rosé qui a fait sa fermentation malolactique me précise Rémy Pédréno.
Le nez exprime le réglisse et des notes subtiles d’agrumes (pamplemousse et orange confites) qui évoluent vers des saveurs de fruits exotiques (papaye, goyave). Quel nez !
En bouche, l’onctuosité est extrême. Elle exprime le velouté de ces fruits exotiques qui caressent les papilles avec une finesse exceptionnelle. Une impression unique pour ce rosé si particulier. Seul bémol, ce vin n’est pas encore disponible. Il le sera très prochainement mais en quantité limitée. Un conseil, faites comme moi, soyez à l’affut et réservez ces précieux flacons. J’imagine déjà la surprise de mes invités lorsque je leur ferai déguster ce vin. Un vin rosé unique et exceptionnel !
Château de Jonquières – « Blanc » 2007 – Vin de Pays de l’Hérault
Chenin – Grenache Blanc
vin blanc – 12,10 €
Le Chenin cultivé sur le terroir des Terrasses du Larzac donne de très jolis vins. La preuve en est avec ce joli blanc du Château de Jonquières. Associé dans cette cuvée à du Grenache blanc, le Chenin apporte une note de fruits confits (poire, coing) relevée par un soupçon de citron.
En bouche, l’attaque est portée par la fraîcheur de l’acidité qui apporte une certaine tension en bouche. Les arômes fruités se retrouvent en bouche. La finale rappelle l’intensité d’un zeste de citron. Quel plaisir !
Le restaurent Le Prose à la Grande Motte s’illuminait d’étoiles !
Cet Hôtel-Restaurant – chic et dépaysant – avait invité une kyrielle de vignerons venus de toute la France. Parmi eux, certaines « stars » de leur appellation :
- Alain Graillot (Crozes-Hermitage)
- Alphonse Mellot (Sancerre)
- François Chidaine (Montlouis – Vouvray)
- Albert Mann (Alsace)
- Nicolas Rossignol (Volnay)
- Domaine Tempier (Bandol)
Et du côté des vignerons du Languedoc-Roussillon, du beau monde aussi :
- Marlène Soria du Domaine Peyre Rose (Coteaux du Languedoc)
- Clos Marie (Pic Saint Loup)
- Mas Bruguière (Pic Saint Loup)
- Domaine des Grécaux (Montpeyroux)
- Domaine Jean-Philippe Padié (Roussillon)
- Mas Haut Buis (Terrasses du Larzac) …
En arrivant tard, je n’ai malheureusement pas pu tout déguster. A mon grand regret, lorsque je suis arrivé certains vignerons n’avaient plus rien à faire déguster et s’apprêter à déserter leur stand pour un apéro bien mérité ! Cependant, certaines cuvées de la région ont attiré mon attention :
Domaine Jean-Philippe Padié – « Fleur de Cailloux » 2007 – Vin de Pays des Côtes Catalanes
Grenache Blanc – Grenache Gris – Maccabeu
Vin blanc – 12,10 €
Le nez exprime des notes de confiserie (sucre fondu, caramel) qui s’associent à la pomme au four. Une minéralité qui ne trompe pas son origine et un goût de silex caractéristique des coteaux calcaires sur lesquels les vignes poussent. Un nez très élégant !
En bouche, l’attaque dévoile un océan d’onctuosité. Très savoureuse, la bouche rappelle les arômes perçus au nez avec une belle sincérité. Le tout reste fin et juste. Une invitation au plaisir en Roussillon.
Mas Haut Buis – « Costa Caoude » 2003 – Coteaux du Languedoc
Grenache – Syrah
Vin rouge – 19 €
Déjà prête à boire, cette cuvée offre une belle palette aromatique de laquelle s’échappe des notes de fruits secs (pruneau cuit) qui se mêlent aux douceurs empyreumatiques (épices douces, chocolat, léger boisé).
L’attaque en bouche est ample et savoureuse. Elle amène de la gourmandise à une tenue en bouche qui n’en demandait pas tant. Les tanins sont fondus et cacaotés. La finale exprime une longueur convenable, portée par des arômes de confiture de fruits noirs (cerise, mûre) soutenus par un boisé bien ajusté. Cette cuvée est aussi disponible dans des millésimes plus récents (2005 et 2006).
Je finirai cet article en vous souhaitant autant de plaisir que j’en ai tiré à déguster ces excellents vins ! Vivement dans 2 ans et Vinisud 2012 Montpellier, que ces fabuleuses opportunités me soient à nouveaux offertes. Bonne dégustation à bientôt !