Mettre ses sens en éveil lors d’une dégustation du vin
Chaque vin est une expérience sensorielle unique. Sa couleur, son parfum, son goût sont des promesses différentes pour vos récepteurs. Bien sûr les aliments peuvent tous avoir cet effet me direz-vous. Mais manger un jambon beurre peut-il vous procurer les mêmes émotions qu’un verre de vin ?
Nous sommes vendredi soir, vous êtes assis dans votre canapé en train d’écouter votre air de musique favori. Vous êtes parfaitement détendu, et êtes en train de faire le point sur votre semaine. Votre compagnon ou votre compagne vous rejoint pour partager ce moment de calme. Et puis vous décidez d’ouvrir une bouteille de vin.
Il y a d’abord le temps du choix de la bouteille. De quoi avez-vous envie à ce moment ? Un vin doux, rond en bouche ? Un vin frais et fruité ? Après concertation vous vous décidez pour cette bouteille plutôt que celle-ci.
Le joli son « pop » du bouchon qui saute promet déjà à vos papilles gustatives de fortes émotions. Vous prenez un verre, regardez le liquide couler le long des parois. Vous étudiez sa couleur, les larmes qui coulent sur les bords du verre. Déjà vous vous faites une première opinion du nectar que vous vous apprêtez à boire. Vous approchez le verre de votre nez pour en humer les arômes, la chaleur ou la fraîcheur. Puis vous autorisez enfin la curiosité de vos papilles gustatives à être rassasiée. Vous faites tourner le vin dans votre bouche assez longtemps pour en découvrir toutes les subtilités gustatives.
Si votre choix était le bon, vous sentez une nette satisfaction de tous vos sens.
J’espère qu’en lisant cette courte mise en scène vous avez pu réaliser à quel point le vin peut mobiliser vos sens.
Et oui le vin fait partie de ses produits nobles qui peuvent faire surgir une émotion inattendue grâce à la mobilisation de vos facultés sensorielles. Rappelez-vous le billet écrit par Clément décrivant l’art de la dégustation. Dans celui-ci chaque étape de la technique décrite faisait intervenir les sens.
Il y a la vue. La couleur du vin est très importante, un vin blanc qui manquerait d’éclat le rendrait définitivement plus triste. Si la couleur ne donne pas envie, ou du moins n’est pas assez intense ou éclatante, elle peut atténuer les qualités gustatives du produit.
Et oui, dans la dégustation (je ne parle pas ici de dégustations de professionnelles pour noter ou décrire un vin) mais de votre avis personnel sur un vin, tout est subjectif.
Vient ensuite le tour du nez. Tout le monde, que ce soit pour réellement analyser les arômes d’un vin, ou simplement par réflexe, hume dans son verre avant de gouter le vin.
Et là que se passe-t-il ? Et bien assurément c’est une des parties les plus importantes de votre test gustatif. Si les arômes sont lourds, que les odeurs qui s’émanent de votre verre ne suggèrent rien, vous allez le rayer de la liste des produits que vous rachèterez.
Lorsque l’on sent un vin, on veut que notre cerveau ressente quelque chose, un souvenir, une odeur précise comme le cassis ou le pamplemousse.
Cette phase de la dégustation est donc très importante.
Et puis il y a la bouche. C’est en général à ce moment que le vin révèle toute sa sensualité et tout son potentiel. En effet si la couleur et les arômes vous ont plu, votre cerveau va augmenter l’intensité de ce qui va se passer au niveau de vos récepteurs gustatifs.
Cela dit, si le vin n’a pas d’équilibre ou pas de structure, que la couleur soit éclatante et le parfum éblouissant, vous ne l’apprécierez pas.
Pour que l’effet soit positif, il faudra que votre bouche retrouve dans le goût du vin tout ou partie de ce que les arômes ont promis.
Et pour que le produit soit à la hauteur de ses promesses visuelles et odorantes, il faudra qu’il soit soyeux, doux et rond en bouche, pourquoi pas un peu acidulé.
C’est là qu’intervient, dans mon idée de la mobilisation de tous les sens, le toucher. Bien sûr on ne touche pas le vin pour en découvrir sa complexité, mais les effets physiques qu’il aura dans votre bouche sont très importants dans la décision « j’aime » ou « je n’aime pas ».
Vous vous demandez peut-être en quoi l’ouïe peut être impliquée lorsque vous buvez un verre de vin. Et bien essayez de boire le même vin, avec le bruit de la machine à laver, du lave vaisselle ou du voisin qui donne des coups de marteaux sur son mur, et en écoutant un air de musique de votre choix. Je peux vous assurer que vous n’apprécierez pas du tout de la même façon.
Voilà. Si j’ai souhaité écrire ce billet, c’est tout d’abord pour faire une ode à ce produit qu’est le vin et que nous aimons tant pour sa noblesse, sa sensualité et sa complexité.
Je voulais insister sur le fait que boire un verre de vin n’est jamais anodin pour vos sens, tant ce produit est magique lorsqu’il s’agit de le déguster.
Et puis surtout je voulais rendre hommage à ceux qui consacrent tout ou partie de leur vie à essayer de satisfaire vos sens, et croyez moi, ce n’est pas toujours évident.
Et enfin je voulais saluer l’effort de notre boutique de promouvoir les vins du Languedoc Roussillon, une région trop souvent oubliée dans les discussions sur les grands vins. Il y a dans cette région tant de promesses de soleil, de chaleur et de magnifiques paysages de garrigues, qu’il vous faut la découvrir …
PS : l’Empire des Sens est un film « érotique » de Nagisa Oshima. C’est surtout un ode au plaisir et à la sensualité, une quête absolue de 2 êtres entièrement tournés vers leurs sens.