La femme est-elle l’avenir du vin ?

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L’ivresse peinte par Adi – 1998

Environ 1700 ans avant Jésus-Christ des prêtresses de Babylone étaient enterrées vivantes pour avoir consommé des boissons alcoolisées. Aujourd’hui en France, 78% des achats de vin en grande surface sont effectués par des femmes.

Les femmes sont-elles en train de devenir l’avenir du vin ?

Surfant sur la toile, je me suis insurgée en lisant ces lignes tirées de la Bible (Livre des Juges, chapitre 13)  » L’ange de l’Eternel répondit à Manoah : La femme s’abstiendra de tout ce que je lui ai dit. Elle ne mangera rien du produit de la vigne, et elle ne boira ni vin ni boisson enivrante, et elle ne mangera rien d’impur.  »
Et oui, pour moi qui suis une femme et qui, en plus, travaille dans la production viti-vinicole, il y a de quoi être effrayée.
Saviez-vous qu’au début du siècle dernier l’entrée des chais de vinification était interdite aux femmes et plus encore durant leurs « périodes ». On disait alors qu’elles feraient « tourner » le vin.
Et puis il y a eu les années vingt, où la cigarette et l’alcool sont devenus plus populaires chez les femmes afin de s’imposer au même niveau que les hommes, même si cela constituait encore un tabou et que ces pratiques étaient réservées à une élite artistique et provocatrice.

Pourquoi cette réticence des hommes à laisser boire les femmes ?

D’après Jean-Pierre Corbeau, professeur de sociologie de la consommation et de l’alimentation à l’Université de Tours, cela reposerait sur trois grandes croyances amenées par les religions, et donc les hommes, et restées ancrées dans l’histoire. Il y aurait tout d’abord l’incompatibilité du vin et de la fonction reproductrice de la femme, l’impureté du sang menstruel qui risquerait  de souiller le vin, breuvage pur et divin. Et puis il y avait également cette idée que « boire du vin est l’apanage de femmes sans moralité : prostituées, femmes légères, concubines, femmes adultères ».
Ceci est en adéquation avec ce qu’écrivait Ovide dans  “L’Art d’Aimer” (livre III, 761-766) : “Boire est plus à propos et siérait mieux aux femmes ; le fils de Vénus et Bacchus s’accordent assez bien. Encore faut-il que ta tête puisse le supporter, que ton intelligence et ta démarche n’en soient pas troublées, que tes yeux ne voient pas double. Quel spectacle honteux qu’une femme étendue par terre, gorgée de vin ?! Elle mérite que le premier venu la prenne”.
C’était donc là le problème: la dignité des femmes face aux dégâts de l’alcool. Il est vrai qu’un homme étendu à terre gorgé d’alcool n’a rien, de dégradant …
Mais heureusement il y a eu les années 60 avec les mouvements féministes d’émancipation de la femme. Grâce à ces femmes qui ont retiré leur soutien gorge, signe de féminité absolu, la femme a acquis beaucoup de droits qui nous paraissent aujourd’hui inaliénables mais qui, il n’y a que 50 ans, étaient impensables.
Cette « révolution » du sexe féminin a permis de rapprocher la femme de l’homme en terme de position sociale.
Il nous aura donc fallut des siècles d’existences pour avoir le droit de consommer ce breuvage qu’est le vin sans que des regards honteux ne nous assaillent !

A l’heure actuelle les données se sont complètement inversées.
La femme est très présente dans le monde du vin. Aujourd’hui elles vinifient dans toutes les régions viticoles de France, elles sont sommelières, vigneronnes, négociantes, dégustatrices et j’en passe. D’après des statistiques du Ministère de l’Agriculture, 1/4 des exploitations viticoles sont entre des mains féminines.
De plus les femmes sont, ces dernières années, responsables de 78% des achats de vin dans les grandes surfaces.
La question se pose désormais de savoir si la femme est l’avenir du vin ? Se forme alors des réflexions autour de plusieurs thèmes comme des opérations marketing dirigées vers les femmes ou des vins conçus pour les femmes.
Il existe désormais des guides sur les vins publiés pour les femmes où elles peuvent s’initier à la dégustation, découvrir comment acheter et conserver du vin, trouver des idées recettes pour accompagner leur breuvage et bien sûr lire des dégustations commentées par des femmes pour des femmes.

Mais y a t-il un « vin des femmes » ?

Certains aiment à dire que nous préférons des vins plus légers, fruités, flatteurs et même un peu sucrés. Et bien non, Messieurs. Pas toutes, loin de là !
Bien sûr, l’éducation des femmes concernant le vin est en cours de développement et celles qui s’initient auront tendance à préférer ce genre de vin pour habituer leurs sens à ce breuvage. Mais de toutes celles que j’ai rencontré et qui consomment régulièrement du vin et sont donc devenues des « connaisseuses », nombre seraient étonnés de découvrir qu’elles préfèrent souvent des vins très concentrés en matières, en tanins, des vins charnus et amples.
Je ne pense pas qu’il y ait des vins réservés aux femmes, et heureusement sinon cela remettrait en cause cette égalité des sexes pour laquelle nombreuses se sont battues. Dans le vin tout est affaire de goût et de subjectivité mais je ne pense pas que le sexe joue un rôle majeur dans tout cela.
D’après Isabelle Forêt, auteur d’un guide consacrés aux femmes et aux vins « Elles & Bacchus », « Les consommatrices de ce nouveau millénaire souhaitent se sentir prises en compte et informées sans pour autant féminiser cet univers qu’elles apprécient et respectent comme tel, y compris pour sa relative austérité, ses valeurs essentielles et son symbole de vie et de nature où elles se retrouvent et qui les rassurent. Elles ont envie d’en finir avec cette vision inhibitrice du vin et mettre à bas les diktats du connaisseur pour faire passer le plaisir et la spontanéité avant tout. »

Ceci me semble être juste, je pense que nous les femmes devront continuer à nous initier aux vins et à ses plaisirs, pour découvrir nos propres préférences sans que celles-ci soient biaisées par des packaging attirant pour les femmes ou des slogans prônant un vin pensé pour les femmes.

Je vous invite donc à vous arrêter dans notre boutique et à vous initier aux vins du Languedoc Roussillon, dont la diversité et la qualité est une merveilleuse source d’apprentissage.

Cette entrée a été publiée dans Editorial le par Sophie.

One thought on “La femme est-elle l’avenir du vin ?

  1. camille

    Travaillant chez un caviste j’ai souvent le droit à des réflexions du style « je cherche un vin léger c’est pour une femme », ce qui a le don de m’énerver! Ca sort d’ou ces a priori réducteurs???
    J’en profite pour attirer votre attention sur le site que nous lancons actuellement: http://www.cavesduroy.fr. Vous trouverez une belle sélection entre autres en Languedoc , région dont nous travaillons les vins depuis plus de 15 ans dans notre cave à Montmartre…N’hésitez pas à jeter un coup d’oeil!

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