Lorsque Louis Pasteur disait « le vin est la plus saine et la plus hygiénique des boissons », il n’imaginait certainement pas à quel point il avait raison. A l’époque il voulait probablement faire une comparaison avec l’eau qui, n’étant pas désinfectée, était loin d’être saine. Deux siècles et des centaines d’études scientifiques plus tard, il semble en effet que le vin, consommé modérément, ait des effets bénéfiques sur la santé. Rappelez vous, tout a commencé avec le « french paradox ». Une publication américaine s’étonnait que, nous français, ayant un régime alimentaire plutôt gras et consommant régulièrement du vin, comptions moins d’accident vasculaires cardiaques que les étatsuniens. Et aujourd’hui ou en est-on ?
Il y a peu, faisant des recherches sur Internet, je suis tombée sur un article intitulé « deux verres de vins rouges par jour réduisent les risques de cancer du poumon ». De nature curieuse j’ai alors décidé de me renseigner plus sérieusement sur tous les bienfaits que l’on accorde aux vins et à ses composés. A l’heure des slogans négatifs tels que « vin et alcoolisme » ou « vin et sécurité routière », et vu l’étendue des études existantes à ce sujet, je me suis dit qu’il serait intéressant dans ce billet de faire le point sur les multiples atouts d’une consommation régulière, mais j’insiste, modérée de vin. Et oui, le vin a certainement des effets très positifs sur la santé, mais cela ne peut s’appliquer que pour des consommateurs raisonnés, c’est-à-dire qui ne dépassent pas 2 à 3 verres par jour. Même si je suis une inconditionnelle de la consommation du vin comme aliment et que je voue ses qualités gustatives comme élément procurateur de plaisir, je ne cherche pas dans ce billet à oublier les risques de l’alcoolisme du à une consommation trop importante de ce nectar.
Mais revenons sur les prémices de l’élection du vin en tant «qu’alicament »: le « french paradox ». Les études sur les bienfaits du vin se sont multipliées après publication d’un constat sur les risques de mortalité dus aux maladies cardiovasculaires chez les français. En effet il a été démontré que ceux-ci, bien qu’ayant (selon les américains auteurs de l’étude) un régime alimentaire gras (à base de foie gras de canard, de crème et de beurre) comptaient moins de morts de maladies cardiovasculaires que dans d’autres états. Cette étude concluait que le vin rouge, consommé régulièrement sur notre territoire, était probablement ce qui expliquait cette différence.
Depuis de nombreuses études épidémiologiques s’autorisent à dire que le vin apporte une protection contre les maladies cardiovasculaires. En effet, selon celles-ci, une consommation de 2 à 3 verres par jour de vin rouge a un effet bénéfique sur ces maladies, leur fréquence étant inférieure chez les sujets consommateurs modérés, par rapport aux non consommateurs et consommateurs de bières et spiritueux. Cette diminution des risques serait due à la présence de tanins mais aussi d’antioxydants dans le vin.
Le resvératrol, polyphénol contenu dans le vin rouge, est un autre composé aux effets sanitaires intéressants. Il semblerait qu’il puisse intervenir sur la longévité. Ces conclusions sont issues de deux études scientifiques menées sur des souris ainsi que sur des levures. Des chercheurs américains de l’université de Harvard ont montré que le resvératrol pouvait activer une enzyme (SIR2) qui stabilise l’ADN et ainsi prolonger l’espérance de vie.
Le vin, en plus de ces effets sur la longévité, pourrait également prévenir l’apparition de la sénilité chez les personnes âgées. Une étude italienne, de l’université de Bari, sur 1566 personnes âgées suivies pendant 3 ans et demie, a montré que ceux qui consommaient un verre de vin par jour voyaient le risque d’apparition de démence diminuer de 85% par rapport à ceux qui n’en buvaient pas du tout.
Et si le vin peut nous permettre de vivre plus longtemps sans que l’on devienne sénile, il pourrait aussi prévenir les risques d’apparition de nombreux cancers, notamment celui des poumons et celui de l’estomac. Ceci serait du à un composé appelé Acutissine A, polyphénol issu du chêne et qui se retrouverait dans le vin après un élevage en barrique. Celui-ci serait capable d’inhiber l’action d’une enzyme et ainsi de prévenir la croissance des cellules cancéreuses. Apparemment son efficacité serait 250 fois supérieur à un médicament de référence (Etoposide VP 16).
Et les effets du vin sur le risque d’infection par Helicobacter pylori, bactérie qui est associée aux ulcères de l’estomac ? Et bien je ne vous cache pas que le vin a un effet réducteur du développement de cette bactérie dans votre estomac ! Et ce n’est pas la seule bactérie que le vin peut combattre. En effet une étude américaine a montré que de ne pas boire de vin pendant les repas augmente le risque d’infection des redoutables salmonelles. Cet effet antibactérien serait du aux composés acides du vin.
Quoi d’autre ? Une étude du groupe médical français d’Epidémiologie de l’Ostéoporose indique qu’une consommation modérée de vin pourrait avoir un effet positif sur l’ostéoporose. Une prise modérée de vin permettrait d’augmenter la densité minérale de l’os, mais les médecins ont bien insisté sur le fait qu’au-delà de 3 verres par jour ces effets bénéfiques disparaissaient.
Dois-je encore chercher à vous convaincre qu’une consommation modérée de vin est bénéfique pour votre santé ? Oui ? Et bien sachez que les chercheurs de l’université de Saint Jacques de Compostelle ont publié une étude selon laquelle, boire 2 à 3 verres de vin par jour réduirait de 40% les risques de contracter un rhume !
Maintenant que je vous ai résumé dans une liste non exhaustive quelques unes des propriétés sanitaires du vin, je souhaiterai modérer ces découvertes. Il faut savoir que les études dont nous parlons dans ce billet sont pour la plupart des études épidémiologiques. C’est-à-dire que ces études comparaient des populations au comportement différent. Je ne souhaite pas remettre en cause les recherches ou les résultats des études que je vous ai présentés mais simplement préciser qu’outre la consommation de vin, les populations étudiées pourraient avoir un régime alimentaire ainsi qu’une sensibilité aux différentes maladies évoquées très différentes.
Il faut également savoir que les études sur les composés chimiques du vin tels que resvératrol ou polyphénols ont donné des résultats positifs. Mais pour l’instant il reste à démontrer scientifiquement que ceux-ci passent dans l’organisme à concentration suffisante et efficace lorsque l’on boit un verre de vin.
Gardons nous donc de confondre vin et médicament. Mais ne perdons pas de vue qu’il est avéré qu’un régime alimentaire sain n’exclut pas le vin et que ses effets pour la santé sont meilleurs lorsque le vin est consommé modérément pendant les repas.
Je citerai ici Jacques Blanc, président de l’IEVSRV (Institut Européen Vin et Santé des Régions Viticoles) :
« Lançons un combat pour que le vin ne soit plus associé aux alcools forts, mais qu’il soit considéré comme un aliment. Je lance un appel solennel à la mobilisation de tous car les enjeux sont positifs pour l’ensemble des hommes ».
Et surtout rappelons nous que d’apprécier les qualités gustatives de ce produit qui nous est cher, suffit à être une bonne raison pour en consommer, toujours avec modération !
D’ailleurs une étude américaine (Université de Médecine du Connecticut) vient de paraitre et signale que le vin blanc aurait les mêmes effets que le vin rouge concernant les maladies cardio-vasculaires. Cette étude a été effectuée chez le rat avec des doses correspondant à 1 à 2 verres de vin par jour.
En effet, on pensait que le vin blanc ne possédait pas ces effets du fait de l’absence de resvératrol dans le vin blanc (pas de macération). Mais cette étude démontre que le resvératrol serait remplacé par le tyrosol et l’hydroxytyrosol, des molécules proches sur le plan chimique (source: Vitisphere.com)
Concernant les chiffres exacts d’une consommation régulière et modérée de vin celà se situe entre 1 et 3 verres par jour, selon la corpulence, avec au minimum un jour d’abstinence par semaine.
bonjour! intéressant cet article, à propos des antioxydants, j’ai découvert un article plutôt étrange, au sujet de la supplémentation http://www.cochrane.org/reviews/en/ab007176.html – en gros et à en croire l’étude, les antioxydants augmenteraient le taux de mortalité! wouaw! à bientôt!
C’est en effet assez troublant étant donné que les résultats actuels vont tous dans le sens d’effets positifs des antioxydants.
Je précise que – si j’ai bien compris – la page en question donne ces résultats pour la Vitamine A, le beta-carotene et la Vitamine E. Le resveratrol ne serait donc pas concerné par cette étude…
Affaire à suivre, donc!