Ce sera le dernier opus de la série Millésimes en Languedoc. C’est un petit échange sur Facebook avec un ardent défenseur des vins du Languedoc Roussillon (Patrick Maclart) et bloggueur patenté du Bourgogne Wine Blog ainsi que quelques questions posées à Véronique Attard du Mas Coris (qui a fourni des échantillons pour l’AOP Languedoc Cabrières et qui est venu partager ces vins à Carcassonne) qui m’a poussé à écrire cet article.
Millésimes en Languedoc : le but
Millésimes en Languedoc est une opération de communication orchestrée par le CIVL afin de faire la promotion des vins d’appellation du Languedoc Roussillon auprès de journalistes de presse du vin et quelques bloggueurs du vin. Cette année, la typologie des invités a été élargie aux journalistes fooding / styles de vie afin d’intégrer surement un peu plus la composante oenotouristique dans les retombées.
Millésimes en Languedoc : les moyens
Le budget de cette opération Millésimes en Languedoc doit être conséquent. Logés 70-80 personnes pendant au minimum 3 nuits dans des hôtels classés au minimum 3 ***, nourrir midi et soir ces mêmes personnes, organiser leurs aller-retours depuis leur lieu de villégiature et en plus leur organiser des sorties l’après-midi pour les distraire et leur faire connaitre la région autrement qu’en mettant le nez dans un verre : tout cela doit avoir un coût non négligeable (le CIVL communique t il sur le budget de l’opération ?) auquel il faut ajouter la prestation de l’agence de communication qui organise tout cela (et de manière remarquable je dois dire). Difficile d’estimer ce chiffre mais si tout le budget est supporté par les cotisations des vignerons, je peux comprendre que çà grince des dents quelque part.
Millésimes en Languedoc : les retombées
Lorsque vous recevez votre invitation, il n’est fait nullement mention de contreparties. Vous êtes invité et votre professionnalisme doit faire le reste. Dans mon premier article, j’essaye de recenser les articles qui sont parues sur le web à ce sujet. Pour la presse papier, je suppose que le CIVL recense tout de même les parutions faites et communique auprès de ses cotisants. Pour l’avoir entendu lors des différentes discussions, il se passe aussi des mises en relation commerciales lors de l’événement. Un journaliste du vin de n’importe quel pays présent lors de cette opération est en relation avec beaucoup d’acteurs économiques du vin dans son pays et son carnet d’adresses doit être bien rempli. Donc un fort potentiel de débouchés économiques (même si on ne doit pas gagner à chaque fois) pour les vignerons qui jouent le jeu (envoi de 3 échantillons + déplacement sur Carcassonne). Concernant les blogueurs, chacun d’entre eux qui en parle librement participe à la notoriété globale d’un domaine. Aujourd’hui, tout le monde a le réflexe Google : si vous êtes caviste ou potentiel acheteur et que vous cherchez un domaine, si vous tombez sur un article indiquant tout le bien que pense tel ou tel blogueur d’un vin, vous serez certainement enclin à acheter ce vin.
Millésimes en Languedoc : les questions
La question qui revient souvent de la part des vignerons : est-ce que tous les échantillons sont ils traités de la même façon ? est ce que tous les domaines, les appellations sont sur le même pied d’égalité ? J’ai (naïvement peut être) la sensation que tout le monde est traité de la même façon. Le repas de midi où les vignerons sont invités à venir déjeuner avec les participants (journalistes / bloggueurs) est un peu une loterie. Mais d’après ce que j’ai entendu, les vignerons n’étaient pas très nombreux à se bousculer pour venir discuter et faire déguster leurs vins. Bien sur, il y a la soirée Marques, soirée de prestige des négociants dans un beau restaurant mais tout le monde sait bien que c’est une soirée promotionnelle. D’ailleurs si je puis me le permettre, ce serait bien d’essayer de faire des accords mets vins pour ce repas. Cela n’empêche pas d’apprendre des choses (ma voisine de table était la responsable commerciale Russie de Val d’Orbieu) sur les différents acteurs de la viticulture languedocienne et leurs différentes actions. Ne soyons pas manichéens et arrêtons l’opposition systématique vigneron indépendant / négociant. Tout n’est pas blanc d’un côté et noir de l’autre : il faut que ces deux mondes arrivent à collaborer pour utiliser leurs points forts comme synergie pour le bien de tous (OK parfois je suis un peu bisounours). Mais j’ai été un peu perturbé par certaines choses lors de ces dégustations :
- le manque d’échantillons sur certaines appellations : par exemple, si je me réfère au site du syndicat Minervois la Livinière, cette appellation regroupe 32 caves particulières et 3 caves coopératives. 18 échantillons proposés à la dégustation sur 5 millésimes. L’idée de ces dégustations est de se faire une idée qualitative sur une appellation, une région. Je trouve vraiment dommageable que les domaines les plus connus ne soient pas fortement incités (par leur syndicat) à participer à ces événements pour le plus grand bien commun. Même si ils n’ont pas besoin de ces opérations pour mieux vendre leur vin : où est passé la solidarité vigneronne ?
- pas de dégustation à l’aveugle : on connait tous les avantages de ce type de dégustation qui permet de niveler les a-priori.
- une signalétique qui mélange dans les supports papiers fournis, les domaines certifiés AB, agriculture raisonnée (qui n’est pas un label), Terra Vitis. Le Languedoc Roussillon est le premier vignoble bio au monde : faisons de cet argument une force.
- un manque d’informations vis à vis des vignerons sur le processus de sélection des vins lors des présentations des appellations (3 cuvées par domaine), sur les événements pendant ces 3 jours (certains ont découvert le repas dits des marques), les personnes présentes (quels journalistes ? de quel pays ? dans quoi ils écrivent ? papier ? internet ? pourquoi sont ils invités ?), les retombées (y a t il un retour du CIVL aux participants ? comment être certains qu’une vente soit faite à cause de ce genre d’événement ?).
Voilà ce sera tout.