En marge du salon Millésime Bio 2011, des événements viennent se greffer, ce sont les salons « off ». Midi-Vin était invité à la Remise, un salon « off » créé en 2002 , qui fait honneur aux vignerons nature. Les vignerons élaborent du vin nature avec le moins d’artifice possible, un usage du souffre très limité (certains ne l’utilisent pas) et la culture en biodynamie étant bien souvent l’unique différence avec la plupart des vignerons bio.
53 vignerons s’étaient donné rendez-vous au Domaine de l’Orange Bleue à Castries (Hérault) les 24 et 25 janvier 2011 dans une ambiance bon enfant.
Des Grecs, des Italiens, un Espagnol et des vins du sud de la France pour compléter le tout, tous réunis autour d’une barrique. Un chapiteau dehors pour les petites faims, des verres et des vins à l’intérieur pour les passionnés et/ou explorateurs de ce type de vins très confidentiels et encore méconnus du grand public.
On parle peut-être moins business qu’au Parc des Expositions, mais l’attention portée lors de la dégustation est la même. La majeure partie des vignerons présents dans la salle sont méconnus et pourtant, leur production s’écoule plutôt bien, sur le marché local ou bien national. Les productions sont confidentielles : plusieurs cuvées à petit rendement et très gourmandes. Au final, le métier est le même, mais le contenu peut paraître différent.
Bien que Midi-Vin ne propose pas ces cuvées à la vente (mais pourquoi pas prochainement), nous avons sélectionné quelques vins qui nous ont marqué et avons choisi de vous les commenter.
Pour commencer, le domaine Le Temps des Cerises dans l’Hérault à La Tour sur Orb. Axel Prufer est installé depuis 2004 et cultive ses vignes en bio en appellation Haute Vallée de l’Orb. Tous ses vins sont faits par macération carbonique sans pigeage ni remontage et à basse température.
Le Temps des Cerises
Vin de Table
Un Pas de Côté 2010
Grenache, Merlot, Carignan, Aramon, Cinsault
Vin Rouge
Le premier nez est un peu fermé, il exprime le pain, la brioche et des odeurs de levures qui s’échappent à l’aération. Le vin n’est pas fini, c’est un échantillon extrait de la cuve. Les fruits rouges sont présents mais se montrent encore timides.
En bouche c’est facile à boire, friand. Le vin est très léger et la macération carbonique se fait sentir. Les fruits rouges et la fraise en particulier tapissent le palais. En fin de bouche une sensation d’accroche se fait sentir mais ce ne sont pas les tanins, seulement le vin qui n’est pas filtré puisqu’il sort tout juste de la cuve, le tout n’est pas des plus limpides.
Autre domaine qui nous a interpellé, le Domaine du Bout du Monde à Lansac (Pyrénées-Orientales). Edouard Laffite ne produit que des vins rouges sur les 5,5 hectares que compte son exploitation. Il a travaillé à la cave coopérative d’Estézargues avant de s’installer en 2005. Les vins ont pour noms L’Echappée Belle, Tamtam, Hop’Là, L’Ecume des jours. Des bouteilles idéales à placer lors d’une dégustation à l’aveugle entre copains…
Le Bout du Monde
L’Ecume des Jours 2010
40%Carignan, 40% Lledoner Pelut (Cépage d’origine Catalane), 20% Syrah
Vin Rouge
Premier nez un peu fermé, aération sur la groseille, le milieu de nez est très fin et très fruité.
En bouche c’est gouleyant sur tout le long, rectiligne, le tout se met vite en place. La finale est sur le pruneau. L’ensemble exprime une grande fraîcheur des cépages dont l’extraction me fait penser à un Pinot bourguignon, légèreté et finesse.
Le Bout du Monde
La Luce 2010
100% Grenache
Vin Rouge
Premier nez toujours sur le fruit, confit mais pas trop. L’aération révèle des notes très marquées de cachou Lajaunie. C’est très original, camphré.
Bouche, là encore, marquée par la fraîcheur, peut-être un poil plus de longueur aurait été bienvenue mais c’est déjà très bien. La bouche semble quand même fermée, c’est un vin qui a été tiré de la cuve, il sera mis en bouteille courant avril. L’épice est omniprésente et toujours ce goût de cachou qui revient.
Un bel ensemble.
Pour finir, un vigneron nous a enchantés : Alban Michel sur la commune de Feuilla dans les Corbières Maritimes. Son domaine, les Sabots d’Hélène, ne compte que 4,5 hectares.
Les Sabots d’Hélène
L’Alternatif, 2008
AOC Corbières
50% Syrah, 50% Carignan
Vin Rouge
Au nez, la Syrah s’exprime bien plus que le Carignan. Le tout reste encore un peu fermé, la bouteille vient d’être ouverte.
En bouche je suis surpris par la structure très équilibrée et la Syrah qui diffuse sans fausse note la complexité du terroir des Corbières. Le milieu de bouche est axé sur le fruit rouge, la groseille en particulier, en finale une légère acidité apparait. La persistance fait place aux épices et au poivre en particulier un peu comme une syrah de Saint-Joseph dans les Côtes-du-Rhône septentrionales.
Les Sabots d’Hélène
La mauvaise réputation, 2008
VDP Coteaux du Littoral Audois
100% Carignan
Vin Rouge
Vendange éraflée puis foulée pour cette cuvée qui a séjourné 27 jours en cuve béton pour y faire sa fermentation alcoolique et avoir le temps de libérer tout ce qu’elle pouvait. Pigeage tous les 2 jours, léger remontage tous les 3 jours.
Très friand au premier nez, pas de macération carbonique mais le fruité et la fraîcheur sont au rendez-vous. La bouche est superbe. Très structurée, un léger côté sauvage parcourt le palais et nous rappelle le Carignan : c’est très typique et très bon. Pas de finale desséchante, que de bons tanins. Un des meilleurs vins à base de Carignan bu sur les 2 jours de Millésime Bio 2011.
Midi-Vin espère commercialiser prochainement les vins d’Alban Michel, c’est très bon et ça mérite un détour chez ce vigneron animé par ce qu’il fait et ce qu’il nous propose.
Allez à la découverte de ces vignerons nature
Les vins nature sont nés d’une volonté des vignerons respectueux d’un environnement qui les entoure, d’une technique ancestrale, bio par raison et souvent plus. Raisins bio et vins bio ne font qu’un. Le respect du produit et du terroir, à quel prix ? Le SO2 reste un produit indispensable au vin si on veut le conserver plusieurs années ou avoir la chance de le ramener dans son coffre de voiture sans qu’il devienne un mauvais vinaigre. Le SO2 n’est pas l’ennemi de tous ces viticulteurs, certains l’utilisent de manière modérée et raisonnée, d’autres ne veulent pas en entendre parler. Cela peut surprendre à la dégustation. Encensés ou décriés, ils ont fait leur choix et cela se respecte. Ce sont souvent des vins à double lecture : la simplicité immédiate du fruit gouleyant et puis une complexité, moins accessible, fragile, qu’il faut ensuite aller chercher, en prenant son temps …